4 Portrait de la zone d’étude
Les sections suivantes présentent le coeur du travail effectué en vue d’évaluer les effets cumulatifs des activités maritimes sur les composantes valorisées du Saint-Laurent et du Saguenay sélectionnées pour ce projet pilote, i.e. établir le portrait de la zone d’étude. Plus particulièrement, les prochaines sections détaillent l’approche préconisée pour la collecte et la gestion des données, présente la caractérisation des stresseurs environnementaux et des composantes valorisées au sein de la zone d’étude, et détaille l’évaluation de la vulnérabilité des composantes valorisées aux stresseurs environnementaux.
4.1 Collecte et gestion des données
4.1.1 Collecte des données
Puisque ce projet pilote ne visait aucune collecte de nouvelles données, le portrait présenté représente une veille des connaissances actuelles permettant de caractériser les activités maritimes et les composantes valorisées au sein de la zone d’étude. La disponibilité et l’accessibilité des données a ainsi guidé le travail accompli. La collecte des données a été effectuée en collaboration avec les différentes parties impliquées aux projet ainsi qu’avec la collaboration et le soutien de Transports Canada et les membres du projet porté par le Plan d’action Saint-Laurent.
La collecte des données a débuté par l’envoie d’une liste à annoter à divers experts et parties impliquées au projet. Cette liste était constituée de sous-catégories stresseurs environnementaux et de composantes valorisées. Les participants étaient invités à identifier toutes bases de données connues permettant d’effectuer une caractérisation des stresseurs et des composantes valorisées au sein de la zone d’étude, et d’identifier toutes autres sous-catégories ou bases de données jugées pertinentes au projet. Nous avons ensuite colligé les commentaires et suggestions et avons commencé les démarches en vue de collecter les données pertinentes à l’évaluation des effets cumulatifs.
Lorsque possible, les données ouvertement accessibles à partir de portails de données tels les plateformes de partage fédérale Gouvernement ouvert et provinciale Données Québec, ainsi que les ressources disponibles par l’Observatoire Global du Saint-Laurent (OGSL) ont été priorisées. À cet égard, des recherches ont été effectuées sur ces plateformes afin d’identifier des données pertinentes n’ayant pas été signalées par la liste partagée précédemment. En priorisant les données ouvertes, il sera plus aisé de reproduire et mettre à jour l’évaluation effectuée par ce projet pilote. L’annexe 1 présente l’ensemble des données qui ont été considérées pour l’évaluation. Les données y sont décrites et les données retenues pour l’évaluation y sont identifiées. Les données qui n’ont pas été retenues ont été conservées afin de documenter l’ensemble des données qui ont été explorées pour l’évaluation. Les données non incluses ont été laissées de côté parce qu’elles étaient couvertes par d’autres bases de données sélectionnées ou parce qu’elles ne répondaient pas un objectif spécifique de l’évaluation.
Une attention particulière a également été attribuée aux connaissances détenues par des experts disciplinaires, ainsi que par les divers collaborateurs participants. Nous avons ainsi échangé directement avec des personnes ressources afin de réviser les différentes sections du portrait de la zone d’étude caractérisant les stresseurs environnementaux et les composantes valorisées. Les personnes ressources ayant contribué à la révision de ces sections sont d’ailleurs remerciées spécifiquement au début des sections auxquelles elles ont contribué. Une liste des personnes ou organismes ressources pour ce projet est disponible à l’annexe 2.
La collaboration avec les Premières Nations a également été un élément important du projet afin d’assurer la valorisation des savoirs autochtones et des préoccupations des Premières Nations présentes au sein de la zone d’étude. Nous avons ainsi échangé avec des représentants des Premières Nations participantes en vue d’obtenir une caractérisation spatiale de sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques. Davantage de détails sont disponibles à la section présentant les sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques.
4.1.2 Gestion des données et reproductibilité
La gestion des bases de données visait à assurer la transparence et la reproductibilité de l’évaluation des effets cumulatifs. Nous basons notre approche sur les principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable), qui visent à s’assurer que les données utilisées soient découvrables, accessibles, interopérables et réutilisables. Nous utilisons ainsi des outils de programmation, notamment le langage R2. L’utilisation d’outils de programmation, à l’instar de logiciels comme ArcGIS3, offre plusieurs avantages. Ils offrent une grande souplesse permettant l’intégration de changements ou de nouvelles considérations très rapidement sans devoir refaire plusieurs étapes d’un processus complexe. Cette souplesse ne se limite pas aux analyses, puisque l’ensemble des étapes d’un projet, de l’intégration des données brutes à la production de rapports, peuvent être intégrées et ainsi facilement modifiées. Il devient alors aisé d’intégrer des commentaires ou de nouvelles recommandations suite à des processus de mobilisation, par exemple.
Nous avons également utilisé GitHub4, un outil de contrôle de version qui permet la documentation, le contrôle de la qualité et l’historique du développement et des modifications des éléments de programmation pertinents à l’ensemble du projet. Nous avons créé une organisation nommée EffetsCumulatifsNavigation. L’ensemble des rapports rédigés et des séminaires offerts pendant le projet pilote y sont disponibles. Un dépôt public intitulé ceanav fait office de compendium de recherche et constitue le coeur de l’évaluation; un compendium de recherche est une collection de l’ensemble des parties d’un projet de recherche incluant le texte, les figures, les données et le code assurant la reproductibilité de l’étude. Une description détaillée de la structure du compendium de recherche de l’évaluation est disponible à l’annexe 3 et sur la page web du dépôt GitHub ceanav.
Sans inclure les données directement, le compendium de recherche de l’évaluation contient l’ensemble des ressources permettant d’accéder aux données brutes et de les transformer. Il contient également le code permettant de caractériser les stresseurs environnementaux et les composantes valorisées, d’effectuer les analyses, les figures, les tableaux et le rapport final. Seules les données à nature sensibles pour lesquelles des ententes de confidentialité ont été signées demeurent inaccessibles; ces dernières sont toutefois cataloguées au sein du rapport et des documents accompagnateurs afin qu’un utilisateur ou un lecteur puisse connaître le type et la provenance des données utilisées au sein des analyses, ainsi que les personnes ressources à contacter en vue d’obtenir davantage d’informations sur les données utilisées. Les données intégrées au sein de la grille d’étude et permettant d’effectuer l’évaluation des effets cumulatifs sont quant à elles ouvertement disponibles à travers le dépôt principal du projet pilote ceanav; nous travaillons également avec l’OGSL afin de les rendre disponibles sur leur portail.
Les bases de données qui ont été considérées pour l’évaluation sont identifiées par un identifiant unique de la forme ####
; ces données sont décrites à l’annexe 1. Par exemple, la base de données 0001
correspond à un inventaire de la zostère marine (Zostera marina) pour la Baie James, la Baie des Chaleurs, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent (Pêches et Océans Canada, 2009). Ces identifiants uniques sont utilisés afin d’identifier, directement sur les figures, les bases de données qui ont été utilisées pour caractériser les catégories de stresseurs environnementaux et de composantes valorisées présentées aux sections 4.2 et 4.3; la liste des identifiants uniques peut être visualisée dans la marge inférieure droite de chaque figure. De plus, toutes les données et métadonnées incluses au compendium de recherche de l’évaluation utilisent ces identifiants uniques afin de faire référence aux bases de données considérées. Au total, 88 bases de données ont été considérées pour l’évaluation et sont accessibles à travers le compendium de recherche; de ce nombre, 64 ont été utilisées pour effectuer l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes sur les composantes valorisées sélectionnées. Consultez l’annexe 1 pour plus de détails sur ces bases de données. Tout comme pour les données, les différents organismes et experts consultés pour ce projet, ou dépositaires de bases de données ouvertes utilisées, sont identifiés par un identifiant unique de la forme ####
qui est disponible à l’annexe 2.
4.2 Stresseurs environnementaux
La caractérisation des stresseurs environnementaux dans la zone d’étude a résulté en la description de 7 stresseurs divisés en 26 sous-catégories qui sont considérées pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes (Tableau 4.1). Les sections suivantes présentent les données, les méthodes et les résultats de l’intégration des données ayant permis la caractérisation des stresseurs environnementaux dans la zone d’étude.
Stresseurs environnementaux | Sous-catégories | Description | Source |
---|---|---|---|
Ancrage | Sites d’ancrage commerciaux | Distribution des sites d’ancrage pour la navigation commerciale | 0070, 0071 |
Déversements accidentels | Hydrocarbures | Déversement d’hydrocarbures, e.g. carburant, diésel, pétrole, propane, huile hydraulique, etc. | 0016 |
Autres | Déversements autres que des hydrocarbures, e.g. des eaux de ballast, des déchets, de l’eau de cale, du charbon, de la matière organique, etc. | 0016 | |
Contenu inconnu | Déversements dont le contenu est inconnu | 0016 | |
Dragage | Sites de dragage | Sites de dragage d’entretien, i.e. dragage plus ou moins régulier de la voie navigable afin de maintenir des conditions sécuritaires pour la navigation. | 0018, 0019, 0046, 0048, 0052, 0069 |
Sites de dépôts | Sites de dépôt en milieu aquatique ou marin des sédiments dragués lors d’opération de dragage d’entretien ou de capitalisation. | 0018, 0019, 0046, 0048, 0069 | |
Dragages de capitalisation prévus | Sites de dragage de capitalisation prévus, i.e. dragage visant à approfondir et élargir la voie de navigation. | 0049, 0050 | |
Naufrage | Sites de naufrages répertoriés | Épaves échouées ou submergées de navires commerciaux et récréatifs. | 0062 |
Navigation | Cargo | Trafic maritime de navires de commerce transportant des marchandises sous diverses formes. | 0020, 0021 |
Porte-conteneurs | Trafic maritime de navires de commerce transportant des marchandises exclusivement dans des conteneurs de transport. | 0020, 0021 | |
Cargaison sèche | Trafic maritime de navires de commerce transportant des marchandises en vrac, e.g. du grain et du charbon. | 0020, 0021 | |
Gouvernement / recherche | Trafic maritime de navires gouvernementaux et de navires de recherche, tels des embarcations militaires, des navires de patrouille de la Garde côtière et des navires de recherche scientifique. | 0020, 0021 | |
Observation mammifères marins | Activités d’observation en mer des mammifères marins sur des embarcations avec permis de classe 1. | 0028 | |
Passager / traversier / roulier | Trafic maritime de navires dédiés au transport de passagers, et de traversiers transportant des passagers et/ou des véhicules. | 0020, 0021 | |
Navires de plaisance | Trafic maritime de navires récréatifs. | 0020, 0021 | |
Navires spéciaux | Trafic maritime de navires divers tels des dragueurs, des poseurs de câbles, des plateformes, des navires de forage, etc. | 0020, 0021 | |
Pétrolier | Trafic maritime de navires transportant des produits pétroliers en vrac. | 0020, 0021 | |
Remorqueur / port | Trafic maritime de navires remorqueurs. | 0020, 0021 | |
Navigation portuaire | Activités de navigation qui ont lieu près des installations portuaires telles les ports et les marinas. | 0041, 0047 | |
Pêche commerciale | Démersale destructive, prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux pouvant causer des dommages aux habitats ou au substrat, e.g. chalut et drague. | 0033, 0034, 0035 |
Démersale non-destructive, prises accessoires faibles | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux avec peu ou en l’absence de prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. la pêche en plongée sous-marine. | 0033, 0034, 0035 | |
Démersale non-destructive, prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux avec d’importantes prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. casier et senne. | 0033, 0034, 0035 | |
Pélagique prises accessoires faibles | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche pélagiques avec peu ou en l’absence de prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. pêche à la ligne, senne bourse. | 0033, 0034, 0035 | |
Pélagique prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche pélagiques avec d’importantes prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. filet maillant et palangre. | 0033, 0034, 0035 | |
Pêches commerciales au sein du secteur fluvial | Activités de pêches commerciales à l’aide de verveux au printemps, à l’été et à l’automne, caclculé en nombre moyen de verveux déployés par jour au sein de segments divisant la section fluviale de l’aire d’étude. | 0083 | |
Pollution maritime | Pollution maritime | Pollution reliée aux activités de navigation telles que la navigation commerciale et la pêche. Les stresseurs associés peuvent être des rejets opérationnels, des déchets, des débris, de l’eau de ballast, etc. | 0018, 0019, 0020, 0021, 0028, 0033, 0034, 0035, 0041, 0046, 0047, 0048, 0049, 0050, 0052, 0069, 0070, 0071, 0083 |
4.2.1 Ancrages
Nous remercions la Garde côtière canadienne et Corinne Berthold pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0070, 0071. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les sites d’ancrage ont été caractérisés grâce à l’intégration de deux bases de données provenant de la Garde côtière canadienne (Garde côtière canadienne, 2022) et du Service Hydrographique du Canada (Service Hydrographique du Canada, 2020). La base de données de la Garde côtière canadienne fournit la localisation des sites d’ancrage commerciaux provenant des fiches techniques de mouillage entre Les Escoumins et Montréal (Garde côtière canadienne, 2022). Puisque cette base de données ne couvre pas l’entièreté de la zone d’étude, nous avons complété la caractérisation des sites d’ancrage à l’aide de la base de données du Service Hydrographique du Canada; cette dernière fournit la localisation des mouillages et des zones de mouillages dans les eaux navigables canadiennes (Service Hydrographique du Canada, 2020). Nous y avons sélectionné les mouillages et zones de mouillage à l’est des Escoumins afin de compléter le portrait de la zone d’étude. Il est important de mentionner que la couche de données résultante ne considère que la navigation commerciale et que les sites d’ancrage pour la navigation de plaisance n’y sont pas représentés.
Un total de 101 sites ont été répertoriés au sein de la zone d’étude. Pour caractériser l’intensité de ce stresseur environnemental, une zone tampon de 2 \(km\) a été tracée autour de chaque site d’ancrage. Le nombre de sites d’ancrage qui intersecte chaque cellule de la grille d’étude a ensuite été évalué afin d’obtenir une évaluation du nombre de sites (\(n\)) par \(km^2\) ayant le potentiel d’influencer une cellule (\(n\) sites * \(km^{-2}\)). Cette caractérisation permet d’obtenir une évaluation du risque environnemental associé aux sites d’ancrage au sein de chaque cellule de la grille d’étude en assumant que les risques sont supérieurs lorsque plusieurs sites d’ancrage sont situés à proximité les uns des autres. Il est important de noter que nous ne caractérisons pas ici l’intensité d’utilisation de ces sites par les navires, mais bien la présence de sites d’ancrages. Une version mise à jour de ce stresseur pourrait viser à caractériser l’achalandage des sites d’ancrage; ce travail n’a toutefois pu être effectué dans le cadre de ce rapport.
4.2.2 Déversements accidentels
Nous remercions Pierre Nellis de la Garde côtière canadienne pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0016. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les déversements accidentels ont été caractérisés à l’aide d’un inventaire des incidents de déversements maritimes provenant de la Garde côtière canadienne (Garde côtière canadienne, 2020). Cet inventaire fournit la localisation de déversements accidentels en milieu maritime pour la période de 2016 à 2020. Un total de 185 déversements accidentels y sont répertoriés pour la zone d’étude.
Chaque déversement est caractérisé selon son contenu et regroupé en trois groupes distincts : hydrocarbures (e.g. essence, diésel, propane), autres (e.g. eau de ballast, eaux usées, matière organique) et les déversements dont le contenu est inconnu (Tableau 4.2). Les déversements sont également catégorisés selon le volume de contaminant déversé en litres (Tableau 4.3).
Catégorie de contaminants | Sous-catégorie | Nombre de déversements |
---|---|---|
Hydrocarbures | Bunker C, Carburant diésel, Essence,Gasoline, Hydrocarbure inconnu, Petcoke, Pétrole brut, Propane, Tar, Huile de graissage, Huile Hydraulique, Huile moteur, Bilge, BioSpec Hyd 32, Hydrox Bio 100, Lub oil, Huile hydraulique biodégradable, Asphalte liquide | 74 |
Autres | Acide d’hypochlorite, Ballast, Débris, Déchet, Eau de cale, Eau huileuse, Eau usée, Lait, Matière organique, Minerai de fer, Oxyde de calcium (chaux), Phosphate d’ammonium, Pollution, Sludge, Suie, Soude caustique, Huile lapio, Huile hydraulique végétale, Huile végétale, Mélange huileux, Charbon | 20 |
Contenu inconnu | Contenu inconnu | 34 |
Catégories de volumes déversés | Nombre de déversements |
---|---|
1 : 0 - 100 litres | 108 |
2 : 100 - 1000 litres | 14 |
3 : 1000 - 7000 litres | 0 |
4 : 100000 - 1000000 litres | 0 |
NA : Volume inconnu | 63 |
Puisque les déversements accidentels ont un effet qui va au-delà de la localisation immédiate des incidents dû à la diffusion du déversement dans l’environnement, la première étape de caractérisation de l’intensité des déversements accidentels était d’établir une zone d’influence potentielle pour chaque incident. Nous avons opté pour un modèle diffusif passif pour établir la zone d’influence et l’intensité relative des déversements accidentels dans la zone d’étude (voir Halpern et al., 2008).
Le modèle de diffusion établie la zone d’influence des déversements en construisant des anneaux concentriques d’un rayon de 10 \(m\) centrés sur le site de l’incident. Une valeur initiale égale à la catégorie du volume rapporté de l’incident est assignée à l’anneau central et représente l’intensité relative de l’incident sur le milieu. Par exemple, une valeur initiale de 2 était assignée à un déversement de 0 à 100 litres (Tableau 4.3). Par principe de précaution, une valeur initiale de 2 a également été attribuée aux 63 incidents dont le volume était inconnu. Une valeur est ensuite assignée successivement aux anneaux adjacents selon une fonction de décroissance de 2% de la valeur de l’anneau précédent, jusqu’à ce qu’un seuil minimal de 0.05% du maximum global – 3 dans notre cas – soit atteint. Cette approche assume ainsi une diminution linéaire de l’influence des incidents sur le milieu jusqu’à un rayon maximal d’influence d’environ 3 \(km\) selon la sévérité du déversement.
L’intensité et la distribution spatiale des déversements accidentels dans la zone d’étude a été évaluée en distribuant les valeurs d’intensité relative modélisées par le modèle diffusif au sein de la grille d’étude de 1 \(km^2\). Pour chaque anneau concentrique modélisé, nous avons multiplié la valeur d’intensité au sein de chaque cellule \(j\) de la grille d’étude par la proportion de la superficie de l’anneau qui intersectent une cellule \(j\):
\[I_{déversement,j} = \sum_{k=1}^{n_j} I_{tot, k} * \frac{A_{j,k}}{A_{tot,k}}\]
où \(j\) est une cellule de la grille d’étude, \(k\) est un anneau concentrique modélisé, \(I_{tot}\) est l’intensité relative prédite au sein de l’anneau \(k\), \(A\) est la superficie de l’anneau concentrique \(k\) qui intersecte une cellule \(j\) et \(A_{tot}\) est la superficie totale de l’anneau concentrique \(k\). Puisque les valeurs d’intensité correspondent à des catégories de volumes plutôt qu’à une quantité continue, les résultats de ce modèle diffusif sont relatifs et sans unité.
4.2.3 Dragage
Nous remercions Simon Blais d’Environnement et Changement climatique Canada et Pierre Michon du Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0018, 0019, 0046, 0048, 0049, 0050, 0052, 0069. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La voie navigable du Saint-Laurent a historiquement été draguée partout où la profondeur naturelle ne permettrait pas le passage sécuritaire des bateaux. Entre Montréal et Cap Gribane, qui situé en aval du Cap Tourmente à environ 30 \(km\) de l’Îles d’Orléans, la voie navigable est d’une longueur totale d’environ 340 km et elle a été artificialisée sur une longueur d’environ 210 km afin d’y assurer une navigation sécuritaire (GHD, 2019). La voie navigable a été approfondie et élargie à travers le temps, principalement en raison de l’accroissement de la taille des navires et de l’augmentation du trafic maritime. Une caractérisation historique des activités de dragage de capitalisation – i.e. dragage visant à approfondir et élargir la voie de navigation – de la voie navigable du Saint-Laurent est décrite par Côté and Morin (2007a) et Côté and Morin (2007b). Certaines portions de la voie navigable doivent également être draguées à intervalles réguliers – i.e. dragages d’entretien – dû à la dynamique sédimentaire des milieux. Il en est de même pour certaines installations portuaires bordant le Saint-Laurent et le Saguenay, qui doivent s’assurer de la sécurité de leurs installations pour les navires.
Dans le cadre de cette étude, les activités de dragage contemporaines pour la période de 2001 à 2020 ont été caractérisées. La majorité des données de volumes dragués et déposés provient d’un exercice de compilation des activités de dragage dans l’ensemble du Saint-Laurent (Environnement et Changement Climatique Canada, 2020; Ministère des Transports du Québec, 2016, 2017). Ces données ont été complémentées par des données de dragage disponibles au sein d’un rapport d’évaluation des effets environnementaux du dragage pour la voie navigable du Saint-Laurent (GHD, 2019). Les activités de dragage pour le Port de Québec ont quant à elles été caractérisées grâce à des échanges avec une représentante du Port de Québec (Marie-Ève Lemieux, communications personnelles). Divers rapports ont été utilisés afin de caractériser les activités de dragages d’entretien du Port Alfred (Englobe, 2016, 2017; Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, 2019c), et les activités de dragages de capitalisation prévues pour le Port de Montréal à Contrecoeur (Agence d’évaluation d’impact du Canada, 2021; Lavalin, 2017a, 2017b) et pour le Port de Trois-Rivière (Stantec, 2015). Finalement, des sites de dragage et de dépôt nous ont été transmis par la Première Nation des Innus d’Essipit (Bouchard, 2022).
Les volumes relevés ont ensuite été rapportés sur les sites de dragage et de dépôt. Lorsque fournies au sein des rapports, les coordonnées délimitant les sites visés ont été utilisées. Lorsqu’une coordonnée unique représentant le centroïde des sites visés était disponible sans information supplémentaire sur la localisation exacte de l’activité, une zone d’un rayon de 100 \(m\) a été tracée afin de représenter la zone de dragage ou de dépôt. Lorsque la localisation était décrite, ou qu’une figure était disponible au sein de rapports détaillés, les zones de dragage et de dépôt ont été géoréférencées manuellement. La localisation des sites de dragages et de dépôts utilisés pour le dragage de la voie navigable du Saint-Laurent proviennent d’une base de données fournie par la Garde côtière canadienne (Garde côtière canadienne, 2021b).
Les sites de dragage et les sites de dépôts de sédiments dragués ont été caractérisés en fonction du volume total dragué en \(m^3\) pendant la période visée (Tableau 4.4). Un total de 37 sites de dragage (Tableau 4.5) et 29 sites de dépôt (Tableau 4.6) ont été caractérisés au sein de la zone d’étude. Il faut noter que les volumes totaux dragués ne correspondent pas aux volumes totaux déposés puisque certains sites de dépôt se retrouvent en milieu terrestres; ces derniers n’ont ainsi pas été comptabilisés pour la présente étude.
Des projets d’expansions portuaire pour le Port de Montréal à Contrecoeur (Agence d’évaluation d’impact du Canada, 2021; Lavalin, 2017a, 2017b) et pour le Port de Trois-Rivière (Stantec, 2015) fournissent des plans de dragages de capitalisation prévus dans les prochaines années. Ces derniers ont donc été répertoriés (Tableau 4.4; Tableau 4.7).
Catégorie | Nombre de sites | Volumes totaux | Volumes totaux moyens | Écart-type |
---|---|---|---|---|
Sites de dragage | 37 | 3793607 | 102529.9 | 193264.0 |
Sites de dépôts | 29 | 3429662 | 118264.2 | 181596.1 |
Dragages de capitalisation prévus | 2 | 1009000 | 504500.0 | NA |
Région | Nom du site | Volumes totaux |
---|---|---|
Baie-Comeau | Havre de Baie-comeau | 8428 |
Baie-Comeau | Quai Société Alcoa | 56000 |
Baie-Comeau | Quai de Cargill | 2240 |
Baie-Trinité | Havre de Baie-Trinité | 3000 |
Berthier-sur-Mer | Havre de Berthier-sur-Mer | 45000 |
Bécancour | Port de Bécancour | 83624 |
Cacouna | Port de Gros-Cacouna | 69250 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Bécancour à Batiscan | 137728 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Champlain à Deschaillons | 53284 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Lac Saint-Pierre | 171439 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Sorel | 880 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Traverse Cap Santé | 41122 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Traverse Nord I.O. | 1041219 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | Trois-Rivière à Bécancour | 284820 |
Godbout | Quai de Godbout | 4932 |
Ile-aux-Coudres | Desserte | 338885 |
Ile-aux-Grues | Desserte | 78628 |
Les Bergeronnes | Première Nation des Innus d’Essipit | 7725 |
Les Méchins | Quai de Les Méchins | 4000 |
Matane | Marina de Matane | 21000 |
Matane | Port de Matane | 25393 |
Québec | Port de Québec - Secteur Anse au Foulon | 500 |
Québec | Port de Québec - Secteur Beauport | 500 |
Rimouski | Marina de Rimouski | 3500 |
Rimouski | Port de Rimouski - Bassin est | 269483 |
Rivière-du-Loup | Desserte | 488843 |
Rivière-du-Loup | Parc maritime de Rivière-du-Loup | 175834 |
Saguenay | Port Alfred | 5086 |
Saint-Jean-Port-Joli | Parc nautique de Saint-Jean-Port-Joli | 138000 |
Saint-Joseph-de-Sorel | zone portuaire QIT-Fer et Titane inc. | 4930 |
Saint-Joseph-de-la-Rive | Desserte | 18552 |
Saint-Laurent-de-L’Île-D’Orléans | Port de refuge de St-Laurent-de-L’Île-D’Orléans | 26675 |
Saint-Michel-de-Bellechasse | Halte nautique de Saint-Michel-de-Bellechasse | 40000 |
Sorel-Tracy | Marina de Sorel | 30000 |
Sorel-Tracy | Port de Sorel-Tracy | 104815 |
Tadoussac | Desserte est | 2292 |
Tadoussac | Marina de Tadoussac | 6000 |
Région | Nom du site | Volumes totaux |
---|---|---|
Baie-Comeau | Havre de Baie-comeau | 8428 |
Berthier-sur-Mer | Havre de Berthier-sur-Mer | 45000 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | M-27 | 880 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | S-17 | 171439 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | T-02 | 142410 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | T-06 | 142410 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | T-11 | 164370 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | T-16 | 26642 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | X-02 | 180000 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | X-03 | 861219 |
Chenal de navigation du fleuve Saint-Laurent | X-04 | 41122 |
Godbout | Quai de Godbout | 4932 |
Ile-aux-Coudres | Desserte | 338885 |
Ile-aux-Grues | Desserte | 78628 |
Les Bergeronnes | Première Nation des Innus d’Essipit | 700 |
Les Bergeronnes | Première Nation des Innus d’Essipit | 7025 |
Matane | Marina de Matane | 21000 |
Matane | Port de Matane | 25393 |
Rimouski | Marina de Rimouski | 3500 |
Rimouski | Port de Rimouski - Bassin est | 269483 |
Rivière-du-Loup | Desserte | 36528 |
Rivière-du-Loup | Desserte | 452315 |
Rivière-du-Loup | Parc maritime de Rivière-du-Loup | 175834 |
Saint-Jean-Port-Joli | Parc nautique de Saint-Jean-Port-Joli | 138000 |
Saint-Joseph-de-la-Rive | Desserte | 18552 |
Saint-Laurent-de-L’Île-D’Orléans | Port de refuge de St-Laurent-de-L’Île-D’Orléans | 26675 |
Saint-Michel-de-Bellechasse | Halte nautique de Saint-Michel-de-Bellechasse | 40000 |
Tadoussac | Desserte est | 2292 |
Tadoussac | Marina de Tadoussac | 6000 |
Région | Nom du site | Volumes totaux |
---|---|---|
Montréal | Port de Montréal à Contrecoeur | 839000 |
Trois-Rivières | Port de Trois-Rivières | 170000 |
L’intensité des activités de dragage (Figure 4.5), de dépôts de sédiments (Figure 4.6) et de dragages prévus (Figure 4.7) a été caractérisé en distribuant les volumes totaux dragués au sein de notre grille de 1 \(km^2\). Par exemple, imaginons une activité de dragage ayant résulté en l’extraction de 100 \(m^3\) de sédiments sur une superficie totale de 2 \(km^2\) et que ce site couvre exactement 2 cellules de notre grille d’étude. Les valeurs attribuées aux cellules de 1 \(km^2\) seraient ainsi de 50 \(m^3\) chacune.
Pour ce faire, nous avons multiplié les volumes totaux au sein de chaque cellule \(j\) de la grille d’étude par la proportion de la zone visée par l’activité de dragage couvrant la cellule \(j\):
\[I_{dragage,j} = \sum_{k=1}^{n_j} V_{tot, k} * \frac{A_{j,k}}{A_{tot,k}}\]
où \(j\) est une cellule de la grille d’étude, \(k\) est une activité de dragage ou de dépôt, \(V_{tot}\) est le volume total dragué ou déposé lors de l’activité de dragage ou de dépôt \(k\), \(A\) est la superficie du site visé \(k\) qui intersecte une cellule \(j\) et \(A_{tot}\) est la superficie totale de l’activité de dragage ou de dépôt \(k\). Cette formule calcule une évaluation de l’intensité du dragage en \(m^3\). Puisque nous avons calculé l’intensité au sein de cellules de 1 \(km^2\), les unités de cette formule sont en \(m^3 * km^{-2}\).
4.2.4 Naufrages
Nous remercions Sohaib Gabsis de Pêches et Océans Canada pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0062. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Le stress environnemental relié aux épaves a été caractérisé grâce à une base de données de la Garde côtière canadienne sur la distribution de navires préoccupants (Garde côtière canadienne, 2021a). La majorité des navires doivent toujours être validés par la Garde côtière canadienne et la précision des coordonnées ne peut être garantie; cette base de données correspond toutefois à la meilleure source d’information disponible, et en tant que telle est utilisée pour l’évaluation des effets cumulatifs. Il sera possible de mettre à jour l’évaluation lorsque les données seront validées par la Garde côtière canadienne. Cette base de données identifie 104 épaves au sein de la zone d’étude. L’intensité de ce stresseur environnemental a été caractérisée à l’aide d’un lissage gaussien – i.e. méthode d’interpolation basée sur une distribution normale – de 3 \(km\) afin d’identifier les zones potentiellement soumises aux effets des épaves et pour considérer l’incertitude des coordonnées des épaves relevées par la Garde côtière canadienne.
Il est important de noter que les épaves peuvent également faire l’objet d’une protection lorsqu’elles sont considérées en tant que sites archéologiques; dans ce contexte, les épaves ne présentant aucun risque pour l’environnement devraient plutôt être considérées en tant que sites d’intérêts archéologiques au sein de la composante valorisées de sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques. Une caractérisation des sites archéologiques d’intérêt existe à travers la l’Inventaire des sites archéologiques du Québec du Ministère de la Culture et des Communications. Nous n’avons toutefois pu accéder à cet inventaire dans le cadre de notre évaluation.
4.2.6 Pêche commerciale
Nous remercions Marc Mingelbier, Paschale Noël Bégin et Marie-Josée Gagnon du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour les échanges et le soutien pour la caractérisation des pêches au sein du secteur fluvial de la zone d’étude.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0033, 0034, 0035, 0083. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
4.2.6.1 Secteur maritime
L’intensité des activités de pêche commerciale au sein de la zone d’étude a été évaluée à l’aide de données provenant du programme de journaux de bord de Pêches et Océans Canada (Pêches et Océans Canada, 2021a, 2021b, 2021c). Bien que les journaux de bord ne soient pas obligatoires pour toutes les pêches, ils fournissent tout de même une évaluation suffisamment exhaustive de la distribution et de l’intensité des activités de pêche commerciale dans la zone d’étude. Bien qu’une pêche commerciale existe dans le secteur fluvial et dans la rivière Saguenay, nous n’avons pu obtenir de données permettant d’en caractériser leur distribution et leur intensité. L’absence de données dans ces secteurs ne devrait ainsi pas être interprétée comme une absence de pêche commerciale; cette lacune devrait être adressée pour une évaluation future.
Nous avons utilisé des données entre 2010 et 2020 pour caractériser la distribution et l’intensité de la pêche commerciale dans la zone d’étude. Cette période est caractérisée par 27489 activités de pêche (2499 \(\pm\) 336 observations par année). Pendant cette période, un total de 14 espèces étaient ciblées pour la pêche commerciale et un total de 20 espèces différentes ont été capturées (Tableau 4.9).
Nom scientifique | Nom français | Nom anglais | Fréquence |
---|---|---|---|
Chionoecetes opilio | Crabe des neiges | Snow crab | 13699 |
Strongylocentrotus sp | Oursin | Sea urchins | 6399 |
Buccinum sp | Buccin | Whelk | 4879 |
Reinhardtius hippoglossoides | Flétan du Groenland | Greenland halibut | 3206 |
Pandalus sp | Crevette | Shrimp | 2662 |
Hippoglossoides platessoides | Plie canadienne | American plaice | 2310 |
Hippoglossus hippoglossus | Flétan Atlantique | Atlantic halibut | 1621 |
Urophycis tenuis | Merluche blanche | White hake | 464 |
Clupea harengus | Hareng | Herring | 393 |
Mactromeris polynyma | Mactre de Stimpson | Stimpson’s Surf clam | 212 |
Homarus americanus | Homard | Lobster | 186 |
Gadus morhua | Morue | Cod | 169 |
Lophius americanus | Baudroie | Monkfish | 122 |
Sebastes sp | Sébaste | Redfish | 98 |
Pectinidae | Pétoncle | Scallop | 62 |
Holothuroidea | Concombre de mer | Sea cucumber | 54 |
Scomber scombrus | Maquereau | Mackerel | 40 |
Raja sp | Raie | Skate | 25 |
Cancer irroratus | Crabe commun | Rock crab | 13 |
Glyptocephalus cynoglossus | Plie grise | Greysole (Witch) | 3 |
Les activités de pêche commerciale sont effectuées à l’aide d’une grande variété d’engins de pêche comme des casiers, des chaluts, des dragues, des filets maillants et des palangres. Chaque engin de pêche peut engendrer des effets différents sur les écosystèmes où les activités de pêche se déroulent. Par exemple, la pêche à l’aide de casiers a des effets très différents que la pêche au chalut. Nous avons ainsi divisé les activités de pêche en fonction de leurs effets environnementaux selon les catégories proposées par Halpern et al. (2008) et reprises par Beauchesne et al. (2020) pour l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent (Tableaux 4.10 et 4.11): démersales, destructives, prises accessoires élevées (DD), démersales, non-destructives, prises accessoires élevées (DNH), démersales, non-destructives, prises accessoires faibles (DNL), pélagiques, prises accessoires élevées (PHB), pélagiques, prises accessoires faibles (PLB).
Les engins peuvent également être catégorisés selon leur mobilité. Des engins fixes tels les casiers sont laissés sur place et ont un effet plus localisé. Les engins mobiles comme les chaluts peuvent quant à eux être tractés sur plusieurs kilomètres lors des activités de pêche. Nous avons utilisé le type de mobilité pour générer une zone d’effets des activités de pêche. Cette approche permet de considérer l’incertitude potentielle associée aux coordonnées des activités de pêche, la mobilité des engins et l’absence des coordonnées de début et de fin des activités de pêche pour les engins mobiles. Nous avons utilisé une zone ayant un rayon de 200 et 2000 mètres pour les activités de pêche avec engins fixes et mobiles, respectivement (Beauchesne et al., 2020). Les engins ont été caractérisés grâce à une base de données fournissant un index des engins de pêche pour la pêche commerciale conjointe à la base de données des journaux de bord (Pêches et Océans Canada, 2021b)
Catégorie | Description | Fréquence |
---|---|---|
Démersale destructive, prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux pouvant causer des dommages aux habitats ou au substrat, e.g. chalut et drague. | 2954 |
Démersale non-destructive, prises accessoires faibles | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux avec peu ou en l’absence de prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. la pêche en plongée sous-marine. | 6452 |
Démersale non-destructive, prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche démersaux avec d’importantes prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. casier et senne. | 18793 |
Pélagique prises accessoires faibles | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche pélagiques avec peu ou en l’absence de prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. pêche à la ligne, senne bourse. | 8 |
Pélagique prises accessoires élevées | Activités de pêches commerciales à l’aide d’engins de pêche pélagiques avec d’importantes prises accessoires et ne causant aucune modification des habitats, e.g. filet maillant et palangre. | 8429 |
Type d’engin | Catégorie | Mobilité |
---|---|---|
Casier | DNH | Fixes |
Chalut de fond | DD | Mobile |
Drague | DD | Mobile |
Filet maillant | PHB | Fixes |
Pêche à la ligne | PLB | Fixes |
Palangre | PHB | Fixes |
Plongée | DNL | Fixes |
Senne bourse | PLB | Fixes |
Senne Danoise ou Écossaise | DNH | Fixes |
Senne de rivage | DNH | Fixes |
Trappe | DNH | Fixes |
Turlutte | PLB | Fixes |
Pour caractériser l’intensité des activités de pêche (\(I_{peche}\)), nous avons évalué la fréquence totale des activités de pêche pendant la période visée (2010 - 2020) chevauchant chaque cellule de la grille d’étude:
\[I_{peche,j} = \sum_{k=1}^{n_j} P_{j,k}\]
où \(j\) est une cellule de la grille d’étude, \(k\) est une activité de pêche et \(P_k\) est la zone tampon entourant chaque activité de pêche \(k\). Cette formule calcule l’intensité de pêche en nombre d’activités de pêche répertoriées. Puisque nous avons calculé l’intensité au sein de cellules de 1 \(km^2\), les unités de cette formule sont en nombre d’activités (\(n\)) par \(km^2\), soit \(n * km^{-2}\). Puisque des zones tampons ont été utilisées autour de chaque activité, il est possible qu’une seule activité de pêche soit répertoriée pour plus d’une cellule de la grille d’étude. La somme totale des activités dans la grille d’étude ne sera ainsi pas égale à la somme totale réelle des activités de pêche répertoriées dans la zone d’étude.
4.2.6.2 Secteur fluvial
Lors de la mise à jour de mars 2023, des données caractérisant les pêches commerciales au sein du secteur fluvial de la zone d’étude ont été ajoutées à l’évaluation des effets cumulatifs. Ces données proviennent d’une caractérisation des principales pressions exercées sur le Saint-Laurent (Mingelbier et al., 2012). Des données de pêches commerciales à l’aide de verveux au printemps, à l’été et à l’automne avant 2011 ont été caractérisées au sein de segments du fleuve corresponsant à des unités de 5 km et divisant le Saint-Laurent entre les rives nord et sud de la rive jusqu’à la voie navigable. La pêche commerciale a été calculée en nombre moyen de verveux déployés par jour au sein de chaque segment; les données ont ensuite été transformées en un indice d’une valeur de 1, 3 ou 5, correspondant à des intensités faibles, moyennes ou fortes, respectivement. Ces valeurs ont directement été intégrées au sein de la grille d’étude pour l’évaluation des effets cumulatifs. Il est toutefois important de mentionner que ces données ne sont pas exhaustive de l’ensemble des activités de pêches commerciales en milieu fluvial, bien qu’elles correspondent aux informations les plus à jour qui étaient à notre disposition.
4.2.7 Pollution maritime
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0018, 0019, 0020, 0021, 0028, 0033, 0034, 0035, 0041, 0046, 0047, 0048, 0049, 0050, 0052, 0069, 0070, 0071, 0083. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Nous introduisons un stresseur environnemental afin de remplacer les rejets opérationnels du côté des stresseurs environnementaux, et la qualité de l’eau du côté des composantes valorisées. Ce nouveau stresseur est utilisé afin de pallier aux difficultés de caractériser ces deux éléments initialement identifiés comme préoccupants par les parties impliquées au projet.
Du côté des rejets opérationnels, cette décision a été prise dû à l’absence de données couvrant l’entièreté de la zone d’étude. D’un point de vue législatif, les navires qui transitent en eaux canadiennes sont tenus d’effectuer tout échange d’eaux de ballast au sein de régions pré-établies appelées Zones désignées de renouvellement d’eaux de ballast du Canada (Canada, 2021c, 2021d). Or, la zone la plus près de la zone d’étude est située à l’entrée du Golfe du Saint-Laurent et ne touche ainsi pas la zone d’étude couverte par notre évaluation (Figure 4.26). Les données touchant spécifiquement les rejets opérationnels des navires auraient, quant à elles, été disponibles uniquement pour une faible proportion de la flotte canadienne naviguant les eaux de la zone d’étude et auraient nécessité un effort de saisie de données considérable. En tant que tel, ces données n’ont pas été considérées pour l’évaluation.
Du côté de la qualité de l’eau, cette décision a été prise dû à la difficulté d’attribuer des variations en qualité de l’eau spécifiquement aux activités maritimes. En effet, de nombreux autres facteurs influencent la qualité de l’eau en milieux côtier, aquatique et marin, et départager ces effets était hors de portée dans le cadre de ce projet pilote. Plus de détails à ce sujet sont disponibles à la section sur la qualité de l’eau.
À l’instar de Halpern et al. (2019), la pollution maritime a été caractérisée en combinant les stresseurs environnementaux reliés aux activités maritimes. Ce choix suppose que la qualité de l’eau est plus à risque face aux activités de navigation et de la pollution qui en résulte via des rejets opérationnels, des fuites de gaz, des décharges de déchets, etc. En l’absence de données exhaustives sur les rejets opérationnels et de la difficulté d’établir un lien direct entre la qualité de l’eau et les activités maritimes cumulées, l’indice de pollution maritime nous sert de proxy visant à identifier les milieux les plus à risque de pollution issues des activités maritimes.
L’indice de pollution maritime est obtenu en combinant l’intensité relative de tous les stresseurs associés directement aux activités de navigation, i.e. les sites d’ancrage, les activités de dragage, la navigation et la pêche commerciale. La caractérisation des déversements accidentels n’y est pas incluse puisqu’elle décrit déjà explicitement des problématiques de déversements toxiques dans l’environnement plutôt qu’un stresseur relié aux opérations régulières d’activité de navigation. L’intensité de la pollution maritime (\(I_{pollution}\)) au sein d’une cellule \(j\) correspond à la somme de l’intensité des stresseurs environnementaux sélectionnés normalisés entre 0 et 1 :
\[I_{pollution,j} = \frac{1}{|S|} \sum_{s \in S} I_{s,j}\]
où \(|S|\) est le nombre de stresseurs environnementaux considérés, \(s\) sont les stresseurs environnementaux individuels et \(I_{s,j}\) est l’intensité relative du stresseurs \(s\) au sein de la cellule \(j\).
4.3 Composantes valorisées
La caractérisation des composantes valorisées dans la zone d’étude a résulté en la description de 4 composantes valorisées divisées en 83 sous-catégories qui sont considérées pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes (Tableau 4.12). Les sous-catégories ont été identifiées principalement par la disponibilité et l’accessibilité des données pour les composantes valorisées biophysiques (i.e. intégrité des berges, habitats et mammifères marins); elles ne devraient ainsi pas être considérées comme une représentation exhaustive de la diversité des sous-catégories de composantes valorisées. Dans le cas des sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques, les catégories identifiées correspondent aux données rapportées par les différentes Premières Nations, mais ne devraient pas être interprétées comme une représentation exhaustive de l’utilisation du territoire des Premières Nations (voir section 4.3.5.1 pour plus de détails)
La majorité des données ont été intégrées à la grille d’étude en présence-absence; une caractérisation quantitative continue a été effectuée pour les mammifères marins uniquement. L’approche utilisée est décrite à la section spécifique pour les mammifères marins. Les sections suivantes présentent les données et les résultats de l’intégration des données ayant permis la caractérisation des composantes valorisées dans la zone d’étude.
Composantes valorisées | Type | Sous-catégories | Source |
---|---|---|---|
Habitats | Cycles de vie | Frayères | 0087, 0073, 0074, 0075, 0076 |
Oiseaux | 0043, 0058 | ||
Sites d’alevinage | 0086 | ||
Espèces à statut | Espèces en voie de disparition | 0077 | |
Espèces fauniques menacées | 0059 | ||
Espèces fauniques susceptibles | 0059 | ||
Espèces fauniques vulnérables | 0059 | ||
Espèces floristiques menacées | 0060 | ||
Espèces floristiques susceptibles | 0060 | ||
Espèces floristiques vulnérables | 0060 | ||
Espèces menacées | 0077 | ||
Milieux naturels | Biovolume herbiers aquatique - faible | 0084 | |
Biovolume herbiers aquatique - modéré | 0084 | ||
Biovolume herbiers aquatique - élevé | 0084 | ||
Eau peu profonde | 0053 | ||
Gisements coquilliers | 0057, 0078, 0079, 0081 | ||
Marais | 0053 | ||
Marécage | 0053 | ||
Meuble sans falaise | 0017 | ||
Milieu humide | 0053 | ||
Rocheux sans escarpement | 0017 | ||
Rocheux sans falaise | 0017 | ||
Terrasse de plage | 0017 | ||
Terrasse fluviale | 0017 | ||
Zones inondables | 0013, 0014 | ||
Zostères | 0001, 0002, 0003 | ||
Intégrité des berges | Artificielle | Artificielle - Semi-végétalisée | 0017 |
Artificielle - Vive | 0017 | ||
Naturelle | Naturelle - Semi-végétalisée | 0017 | |
Naturelle - Vive | 0017 | ||
Mammifères marins | Baleine | Béluga | 0027 |
Marsouin commun | 0054 | ||
Petit rorqual | 0085 | ||
Rorqual bleu | 0085 | ||
Rorqual commun | 0085 | ||
Rorqual à bosse | 0085 | ||
Phoque | Phoque commun | 0054 | |
Phoque du Groenland | 0054 | ||
Phoque gris | 0054 | ||
Sites d’intérêt | Association de gestion halieutique Mi’kmaq et Malécite | Pêche commerciale | 0022 |
Pêche traditionnelle | 0023 | ||
Nation Huronne-Wendat | Activités rituelles ou sociales | 0055 | |
Archéologie | 0055 | ||
Chasse | 0055 | ||
Espèce en péril | 0055 | ||
Histoire | 0055 | ||
Occupation du territoire | 0055 | ||
Pêche | 0055 | ||
Récolte de végétaux | 0055 | ||
Toponymie | 0055 | ||
Nation Mohawk de Kahnawà:ke | Chasse à la sauvagine | 0032 | |
Culture et patrimoine | 0032 | ||
Navigation | 0032 | ||
Pêche de rivage | 0032 | ||
Pêche en eau libre | 0032 | ||
Récolte de végétation | 0032 | ||
Seigneurie du Sault-Saint-Louis | 0032 | ||
Nation W8banaki | Chasse au gibier | 0066 | |
Chasse aux oiseaux migrateurs | 0066 | ||
Cueillette et collecte de végétaux | 0066 | ||
Navigation | 0066 | ||
Problèmes liés à l’accès au territoire | 0066 | ||
Pêche | 0066 | ||
Sites archéologiques | 0067 | ||
Sites culturels | 0066 | ||
Sites de coucher | 0066 | ||
Sites essentiels | 0066 | ||
Sites à potentiel archéologique | 0068 | ||
Trappe d’animaux à fourrure | 0066 | ||
Zones d’activités | 0066 | ||
Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk | Développement portuaire | 0072 | |
Observation du béluga | 0072 | ||
Pêche commerciale | 0022, 0025 | ||
Nation des Innus d’Essipit | Accès au plan d’eau | 0024 | |
Activités touristiques | 0024 | ||
Chasse aux oiseaux migrateurs | 0024 | ||
Chasse aux phoques | 0024 | ||
Culture et patrimoine | 0024 | ||
Pêche commerciale | 0024 | ||
Pêche traditionnelle | 0024 | ||
Public | Milieux protégés | 0030, 0038, 0039, 0082 | |
Sites patrimoniaux | 0044, 0045 | ||
Épaves | 0088 |
4.3.1 Habitats floristiques et fauniques
Une recherche de données a été effectuée afin de caractériser différents types d’habitats caractéristiques du Saint-Laurent et du Saguenay et pouvant être affectés par les activités maritimes. Les habitats considérés sont ceux pour lesquels des données ont été accessibles ouvertement sur des plateformes comme la plateforme fédérale Gouvernement ouvert, la plateforme provinciale Données Québec et l’Observatoire Global du Saint-Laurent, ou partagées par divers ministères et collaborateurs. Cette recherche de données nous a permis de caractériser 26 types d’habitats au sein de la zone d’étude (Tableau 4.13). Les habitats ont été caractérisés en présence-absence au sein de la grille d’étude. Les sections suivantes fournissent davantage d’informations sur la caractérisation des différents types d’habitats.
Catégories d’habitats | Sous-catégories | Description | Superficie \(km^2\) | Données utilisées\(^*\) |
---|---|---|---|---|
Cycles de vie | Oiseaux | Sites connus d’importance pour les oiseaux, tels des sites de nidification et des colonies d’oiseaux marins | 1228.08 | 0043,0058 |
Cycles de vie | Sites d’alevinage | Sites d’alimentation et de protection pour les stades de vie initiaux des poissons (e.g. larves, alevins, juvéniles) | 991.47 | 0086 |
Cycles de vie | Frayères | Sites de reproduction où des poissons femelles pondent des oeufs pour fécondation par les mâles | 1199.08 | 0087,0073,0074,0075,0076 |
Espèces à statut | Espèces fauniques menacées | Espèces fauniques désignées menacées | 573.51 | 0059 |
Espèces à statut | Espèces fauniques susceptibles | Espèces fauniques susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables | 104.79 | 0059 |
Espèces à statut | Espèces fauniques vulnérables | Espèces fauniques désignées vulnérables | 621.30 | 0059 |
Espèces à statut | Espèces floristiques menacées | Espèces floristiques désignées menacées | 2.04 | 0060 |
Espèces à statut | Espèces floristiques susceptibles | Espèces floristiques susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables | 0.95 | 0060 |
Espèces à statut | Espèces floristiques vulnérables | Espèces floristiques désignées vulnérables | 0.13 | 0060 |
Espèces à statut | Espèces en voie de disparition | Espèces désignées en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) | 0.04 | 0077 |
Espèces à statut | Espèces menacées | Espèces désignées menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) | 1362.77 | 0077 |
Milieux naturels | Zostères | Distribution de la zostère marine (Zostera marina) | 25.76 | 0001,0002,0003 |
Milieux naturels | Zones inondables | Territoires ayant une probabilité élevée d’être inondés selon une récurrence des crues sur 2 ans, 20 ans ou sur 100 ans | 508.00 | 0013,0014 |
Milieux naturels | Meuble sans falaise | Dépôt non consolidé sans falaise | 6.08 | 0017 |
Milieux naturels | Rocheux sans escarpement | Berge de roc sans escarpement | 1.71 | 0017 |
Milieux naturels | Rocheux sans falaise | Roche consolidée sans falaise | 6.18 | 0017 |
Milieux naturels | Terrasse de plage | Zone d’accumulation de dépôts non consolidés (sable et/ou de gravier littoral) formée d’un replat colonisé par de la végétation herbacée parfois inondée que lors de surcote pendant la pleine mer supérieure de grande marée. Le replat est parfois bordé sur sa partie inférieure par un talus d’érosion (microfalaise) de moins de 2 m de hauteur et sur sa partie supérieure par une falaise morte ou d’un terrain plat | 26.48 | 0017 |
Milieux naturels | Terrasse fluviale | Banc d’accumulation situé à l’embouchure d’une rivière composé de dépôts non consolidés colonisé par de la végétation | 0.94 | 0017 |
Milieux naturels | Eau peu profonde | Milieu humide dont le niveau d’eau est inférieur à 2 m et présentant des plantes aquatiques flottantes ou submergées ainsi que des plantes émergentes dont le couvert fait moins de 25 % de la superficie du milieu. | 279.91 | 0053 |
Milieux naturels | Marais | Milieu humide sur dépôt minéral, dominé par une végétation herbacée couvrant plus de 25 % de la superficie. Les arbustes et les arbres, lorsque présents, couvrent moins de 25 % de la superficie du milieu. | 169.42 | 0053 |
Milieux naturels | Marécage | Milieu humide sur dépôt minéral, dominé par une végétation ligneuse arbustive ou arborescente, avec plus de 25 % de couvert. | 38.46 | 0053 |
Milieux naturels | Milieu humide | Regroupe les milieux humides dont le type est inconnu. | 28.55 | 0053 |
Milieux naturels | Gisements coquilliers | Gisements connus et exploités de mactre de Stimpson, de clovisse arctique, de couteau de l’Atlantique et de mye commune des eaux côtières du Québec | 87.81 | 0057,0078,0079,0081 |
Milieux naturels | Biovolume herbiers aquatique - faible | Milieux à faible biovolume d’herbiers aquatiques | 19.27 | 0084 |
Milieux naturels | Biovolume herbiers aquatique - modéré | Milieux à modéré biovolume d’herbiers aquatiques | 9.57 | 0084 |
Milieux naturels | Biovolume herbiers aquatique - élevé | Milieux à élevé biovolume d’herbiers aquatiques | 13.98 | 0084 |
4.3.1.1 Habitats d’importance pour les cycles de vie
4.3.1.1.1 Frayères et sites d’alevinage
Nous remercions Marc Mingelbier et Marie-Josée Gagnon du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0073, 0074, 0075, 0076, 0086, 0087. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les frayères sont des milieux essentiels au maintien de populations de poissons; en effet, des perturbations à ces sites, ou au comportement des espèces pendant la période de fraie, peuvent avoir des impacts majeurs sur la dynamique des populations de poissons. Similairement, les sites d’alimentation et de protection pour les stades de vie initiaux des poissons (e.g. larves, alevins, juvéniles) sont beaucoup plus susceptibles aux effets de perturbations à leur habitat. Ces sites, nommés aires d’alevinage, sont ainsi essentiels à leur survie. La protection des frayères et des aires d’alevinage est ainsi d’une importance majeure puisqu’elles constituent un goulot d’étranglement pour la dynamique des populations de poissons.
Les données utilisées pour caractériser les frayères et les aires d’alevinage au sein de la zone d’étude proviennent d’un exercice d’intégration de données d’observation in situ couvrant la période de 1974 à 2019 (Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, 2020). Ces données ont été mises à jour en mars 2023 à l’aide de données plus récentes et bonifiées [Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023c); Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023a); Tableau 4.14]. Les données regroupent des frayères et des aires d’alevinage confirmées ou potentielles lorsque les habitats étaient jugés propices à la fraie ou l’alevinage des poissons. Il est donc probable que ces données soient partielles et ne devraient pas être considérées comme un portrait exhaustif des frayères et des aires d’alevinage dans la zone d’étude. Les données sont composées de points et de polygones. Nous avons ajouté une zone tampon de 100 \(m\) autour des points, puis avons intégré la présence de frayères au sein de notre grille d’étude de 1 \(km^2\).
Les données utilisées pour caractériser les frayères dans le secteur maritime de la zone d’étude proviennent de l’intégration de 4 jeux de données différents provenant de Pêches et Océans Canada, décrivant les aires de reproduction de l’alose savoureuse [Alosa sapidissima; Pêches et Océans Canada (2019c)], de l’esturgeon jaune [Acipenser fulvescens; Pêches et Océans Canada (2019a)], de l’esturgeon noir [Acipenser oxyrhynchus; Pêches et Océans Canada (2019b)] et de l’éperlan arc-en-ciel [Osmerus mordax; Pêches et Océans Canada (2019d)]. Ces données ont été intégrées à la grille d’étude conjointement aux données du secteur fluvial.
Source | Nombre de frayères | Superficie des frayères \(km^2\) | Nombre d’aires d’alevinage | Superficie des aires d’alevinage \(km^2\) |
---|---|---|---|---|
18639 | 738.96 | NA | NA | |
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Dumont, P. et R. Fortin. 1977. | 34 | 15.25 | NA | NA |
Dumont, P., J. Leclerc et L. Bouthillier. 1989b. | 4 | 37.29 | NA | NA |
Dumont, P., J. Leclerc et Y. Chagnon. 1990. | 1 | 0.11 | NA | NA |
Enquête auprès des agents des pêches du MPO. 1994. | 1 | 0.18 | NA | NA |
Enquête auprès des pêcheurs et agents du MEF et du MPO. 1995. | 2 | 31.34 | NA | NA |
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Fréchet, A., Dodson J.J., Powles, H. 1983; Enquête auprès des agents des pêches du MPO. 1994. | 2 | 0.18 | NA | NA |
Gagnon, M., Y. Ménard et J.-F. La Rue. 1993. | 3 | 394.85 | NA | NA |
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Mailhot, Y. et R. Morrissette (20 juin 2012) Atlas des habitats fauniques critiques et des exploitations halieutiques d’importance dans le fleuve Saint-Laurent et l’aval des tributaires à privilégier pour les interventions en cas d’urgence ma | 11 | 103.05 | NA | NA |
Mailhot, Y. et R. Morrissette (20 juin 2012) Atlas des habitats fauniques critiques et des exploitations halieutiques d’importance dans le fleuve Saint-Laurent et l’aval des tributaires à privilégier pour les interventions en cas d’urgence maritime * | NA | NA | 10 | 105.59 |
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Ministère de l’Environnement et de la Faune. 1994. Cartographie des sites d’intérêt et des sites protégés et fiches synthèses descriptives des sites d’intérêt faunique. Direction régionale de la Montérégie, Service de l’aménagement et de l’exploitat* | NA | NA | 55 | 243.65 |
Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (2023) Géobase-Faune - SFI_p [FGDB]. V2023-01-17, MFFP, Québec, Qc. | 990 | 28.76 | NA | NA |
Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (2023) Géobase-Faune - SFI_s [FGDB]. V2023-01-17, MFFP, Québec, Qc. | 4100 | 122.82 | NA | NA |
Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (25 mars 2013) Frayère de Shooner [shp]. V.2013, 1 : 400 000, DGFa 04-17, Trois-Rivières. | 372 | 105.56 | NA | NA |
Ministère des Ressources naturelles (2013) Habitats essentiels [shp]. 2e trimestre, 1 : 170 000, Direction de l’expertise Énergie -Faune -Forêt-Mines-Territoire de la Mauricie et du Centre -du-Québec, Québec. | 154 | 108.80 | 60 | 105.59 |
Naturam Environnement. 1995. | 2 | 0.39 | NA | NA |
Naturam Environnement. 1997. Acquisition de connaissances et mise en valeur des habitats du poisson du complexe Baie Verte/Baie Laval, phase 3 : rapport final. | 1 | 20.93 | NA | NA |
Non disponible | 6 | 70.92 | NA | NA |
Pesca. 1997. Étude de conservation et de mise en valeur de la Pointe Verte, Maria. Rapport préliminaire présenté au ministère des Pêches et des Océans. 86p. | 2 | 0.01 | NA | NA |
Provost, J., L. Verret et P. Dumont. 1984; Leclerc, J. 1983; Environnement Illimité inc. 1994. | 1 | 0.07 | NA | NA |
PÉROT, A. et V. PROVOST (2008). Guide d’intervention en matière de protection et de mise en valeur des habitats littoraux d’intérêt dans la MRC de la Minganie. Comité ZIP Côte-Nord du Golfe, vii p. + 127 p. | 6 | 0.36 | NA | NA |
Société de la Faune et des Parcs du Québec. 2000. | 12 | 146.64 | NA | NA |
Société de la Faune et des Parcs du Québec. 2000. Atlas des habitats critiques connus ou d’intérêt particulier pour les poissons du fleuve Saint-Laurent entre le port de Montréal et l’Île aux Coudres. Direction du développement de la faune. | 5 | 800.85 | NA | NA |
Société de la Faune et des Parcs du Québec. 2000; Bouthillier, L., P. Dumont et G. Roy. 1993. | 1 | 22.55 | NA | NA |
Société de la Faune et des Parcs du Québec. 2000; Hatin, D. et F. Caron. 2002. | 2 | 58.23 | NA | NA |
Société de la Faune et des Parcs du Québec. 2000; Hatin, D. et F. Caron. 2002; Hatin. D. 2003. | 1 | 0.85 | NA | NA |
Société de la faune et des parcs du Québec. 2000. Atlas des habitats critiques connus ou d’intérêt particulier pour les poissons du fleuve Saint-Laurent entre le port de Montréal et l’Île aux Coudres. Direction du développement de la faun | 56 | 85.45 | NA | NA |
Société de la faune et des parcs du Québec. 2000. Atlas des habitats critiques connus ou d’intérêt particulier pour les poissons du fleuve Saint-Laurent entre le port de Montréal et l’Île aux Coudres. Direction du développement de la faune. | NA | NA | 17 | 817.96 |
Therrien, J. 1998. | 11 | 676.75 | NA | NA |
Therrien, J., H. Marquis, G. Shooner et P. Bérubé. (1991). Caractérisation des habitats recherchés pour la fraie des principales espèces de poissons du fleuve Saint-Laurent (Cornwall-Montmagny). Étude réalisée par le Groupe Environnement Shoo | 1356 | 320.60 | NA | NA |
Therrien, J., Marquis, H., Shooner, G. et Bérubé, P. 1991. | 10 | 1.25 | NA | NA |
Thérrien, J., H. Marquis, G Shooner et P. Bérubé.1991. | 2 | 0.27 | NA | NA |
Tremblay, S. 1996; Trencia, G. 2002. | 4 | 535.07 | NA | NA |
Trencia | 13 | 71.69 | NA | NA |
VALIQUETTE,LEGAULT, HARVEY. 2016. État référence de la faune aquatique et de ses habitats dans le secteur du pont de l’île d’Orléans : rapport final. Première partie — Description physique et inventaires biologiques, MFFP, DGGFH, DEFA, Qc | 14 | 0.63 | NA | NA |
4.3.1.1.2 Oiseaux
Nous remercions Jean-François Rail d’Environnement et Changement climatique Canada pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0043, 0058. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les données utilisées pour caractériser les sites d’importance pour les oiseaux proviennent de deux sources distinctes qui ont été insérées en présence-absence au sein de la grille d’étude. La première base de données décrit la localisation de colonies d’oiseaux nommée la Banque Informatisée des Oiseaux Marins du Québec [BIOMQ; Rail and Chapdelaine (2002); Environnement et Changement Climatique Canada (2021)]. Cette dernière a été compilée et est mise à jour par le Service Canadien de la Faune (SCF) pour la région du Québec. La BIOMQ contient des informations sur la localisation de colonies d’oiseaux marins et de leurs sites de nidification pour les familles suivantes : Gaviidés (i.e. plongeons), Hydrobatidés (i.e. océanites), Sulidés (i.e. fous), Phalacrocoracidés (i.e. cormorans), Laridés (i.e. goélands, mouettes, sternes), Alcidés (i.e. guillemots, pingouins, macareux) et l’eider à duvet (i.e. Anatidés). Pour notre analyse, nous avons uniquement considéré la localisation des différentes colonies disponibles à travers la BIOMQ sans considérer les espèces individuelles afin d’identifier les lieux abritants des colonies d’oiseaux marins. Nous avons également utilisé les données à partir de l’année 2000 uniquement. Notre zone d’étude comprend 113 sites ayant une superficie totale de 198.65 \(km^2\).
La deuxième base de données identifie les Zones importantes pour la conservation des oiseaux [ZICO; Canada (2015); Études d’oiseaux Canada (2015)]. Les ZICO sont identifiées à partir d’informations sur les espèces d’oiseaux menacées, les sites abritant d’importantes populations d’oiseaux ou d’espèces à aires de répartitions réduites. Des critères d’évaluation acceptés internationalement sont utilisés afin d’identifier les ZICO. Notre zone d’étude couvre 41 ZICO ayant une superficie totale de 1701.26 \(km^2\).
Il est important de noter que ces sites correspondent à des milieux terrestres et ne capturent ainsi pas convenablement l’utilisation des milieux aquatiques et marins associés à ces sites d’importance. L’extrapolation d’une zone d’utilisation marine basée sur des variables comme le rayon d’action des espèces et le nombre d’individus permettrait de pallier à cette lacune (e.g. Lieske et al., 2020). Il n’a toutefois pas été possible d’effectuer ce type d’analyse dans le cadre de ce projet pilote.
4.3.1.2 Espèces fauniques et floristiques à statut
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0059, 0060, 0077. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Plusieurs espèces ayant un statut précaire fréquentent et bordent les eaux du Saint-Laurent et du Saguenay. Afin de capturer la nature sensible de ces espèces et de les intégrer à notre analyse, nous avons considéré les lieux où ces espèces ont été observées historiquement dans la zone d’étude. Les données utilisées pour caractériser les habitats pour les espèces à statut ont été préparées par le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec [CDPNQ; Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (2021a); Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (2021b)]. Ces données contiennent des occurrences qui désignent un territoire abritant ou ayant déjà abrité des espèces à statut. Nous avons retiré de la base de données les observations historiques ainsi que les espèces extirpées ou celles n’ayant aucune observation récente, c’est-à-dire depuis l’année 2000. Finalement, nous avons considéré les espèces susceptibles, vulnérables et menacées. Il en résulte un total de 37 espèces et 423 sites pour les espèces fauniques, et 64 espèces et 224 sites pour les espèces floristiques (Tableau 4.15). Référez à l’annexe 4 et à l’annexe 5 pour les listes d’espèces fauniques et floristiques à statut, respectivement.
Type | Statut | Nombre d’espèces | Superficie \(km^2\) |
---|---|---|---|
Faune | Menacée | 6 | 921.07 |
Faune | Susceptible | 20 | 325.99 |
Faune | Vulnérable | 11 | 1459.75 |
Flore | Menacée | 10 | 4.45 |
Flore | Susceptible | 49 | 8.73 |
Flore | Vulnérable | 5 | 1.59 |
Ces sites d’importances pour les espèces à statut ont été intégrés à la grille d’étude en présence-absence par statut afin d’identifier les sites qui abritent des espèces fauniques ou floristiques susceptibles, vulnérables ou menacées. Les données intégrées ne discriminent ainsi par les différentes espèces considérées; elles fournissent plutôt une délimitation spatiale des zones fréquentées par des espèces à statut. Il en résulte 6 catégories distinctes de sites.
Les données du CDPNQ ont été bonifiées par les données par des données d’espèces aquatiques du Programme des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril [LEP; Pêches et Océans Canada (2022e)]. Tout comme les données du CDPNQ, ces données identifient des sites connus où des espèces aquatiques à statut ont été observées. Au sein de la zone d’étude, cette base de données compte 7 sites pour 4 espèces aquatiques (Tableau 4.16). Nous avons toutefois retiré le béluga de cette liste, puisque ce dernier est considéré au sein de la composante valorisée mammifères marins.
Statut | Nom scientifique | Nom commun |
---|---|---|
Menacée | Moxostoma hubbsi | Chevalier cuivré |
Menacée | Morone saxatilis | Bar rayé |
En voie de disparition | Ammocrypta pellucida | Dard de sable |
4.3.1.3 Milieux naturels
4.3.1.3.1 Zostères
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0001, 0002, 0003. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La zostère marine (Zostera marina) forme des habitats complexes et importants qui peuvent réduire les courants, réduire la prédation et l’érosion, en plus de contribuer à la production primaire (Cimon et al., 2021; Hemminga and Duarte, 2000). La distribution spatiale de la zostère marine au sein de la zone d’étude a été décrite en intégrant trois bases de données différentes. La première base de données est la plus complète et provient d’une revue de littérature documentaire du MPO dans la Baie James, la Baie des Chaleurs, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent couvrant la période allant de 1987 à 2009 (Pêches et Océans Canada, 2009). Cette revue de littérature regroupe des données sur la distribution de la zostères marine provenant de 24 ressources différentes; elle comprend 226 sites sur une superficie de 28.58 \(km^2\) dans la zone d’étude.
Cette base de données a été complémentée par deux bases de données localisées fournissant des informations supplémentaires sur les zostères dans la zone d’étude. La première provient d’un projet de restauration de la zostère marine dans l’Anse de Pointe-au-Père à Rimouski qui fournit des informations sur 7 sites couvrant une superficie de < 1 \(km^2\) (Bois et al., 2018); la deuxième provient d’un exercice similaire dans la Baie de Mitis et fournit des informations sur 3 site couvrant une superficie de < 1 \(km^2\) (Bachand and Joubert, 2014; Comité ZIP du Sud-de-l’Estuaire, 2012). Ces trois bases de données ont été intégrées en présence-absence au sein de la grille d’étude.
4.3.1.3.2 Zones inondables
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0013, 0014. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La caractérisation des zones inondables dans la zone d’étude a été faite en combinant les données de la base de données des zones à risque d’inondation [BDZI; Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (2020)] et de données sur la présence de zones inondables préparées par les MRC (Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, 2020). Ces bases de données fournissent la délimitation de territoires côtiers à risque d’inondation sur le territoire québécois selon une récurrence des crues sur 2 ans, 20 ans ou sur 100 ans. Nous avons utilisé l’ensemble de ces zones pour caractériser les zones inondables au sein de la zone d’étude.
4.3.1.3.3 Milieux côtiers
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0017. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La caractérisation des milieux côtiers provient de l’exercice de caractérisation des berges dans la partie fluviale du Saint-Laurent provenant de l’équipe de Patrick Lajeunesse de l’Université Laval qui a été utilisé pour caractériser la composante valorisée d’intégrité des berges (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021); cette caractérisation est ainsi disponible strictement pour la portion fluviale du Saint-Laurent. Cette base de données fournit une caractérisation des types de côtes que nous utilisons au sein de notre évaluation en tant qu’habitats. Un total de 5 milieux côtiers ont été considérés pour l’évaluation (Tableau 4.13):
- Meuble sans falaise
- Rocheux sans escarpement
- Rocheux sans falaise
- Terrasse de plage
- Terrasse fluviale
Ces milieux ont été cartographiés à l’aide d’approches cartographiques à haute résolution combinant des données de relevés terrain, de télédétection et dérivées de connaissances des communautés locales (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021).
4.3.1.3.4 Milieux humides
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0053. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les milieux humides constituent un lien entre les milieux aquatiques et terrestres; ils abritent une forte richesse faunique et floristique, fournissent un habitat crucial au cours du cycle de vie de multiples espèces, et sont des habitats essentiels pour plusieurs espèces en péril. Les milieux humides fournissent des services écosystémiques essentiels tels la protection du rivage contre l’érosion, l’amélioration de la qualité de l’eau, et le stockage de carbone; ils sont également largement utilisés pour des activités culturelles et récréatives tel la chasse et le tourisme (Clarkson et al., 2013). Les milieux humides regroupent une diversité importante de types d’habitats qui se succèdent, allant des eaux peu profondes aux marécages, affichant une proportion croissante de plantes arbustives.
Les milieux humides ont été caractérisés grâce à une cartographie des milieux humides potentiels du Québec (Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, 2019b, 2019a). Cette base de données fournit une cartographie des milieux humides pour l’ensemble du Québec, classés en grands types : eau peu profonde, marais, marécage et tourbière (Tableau 4.13). Une catégorie générale pour les milieux humides non catégorisés est également disponible. Les milieux humides occupent une superficie totale de 516.34 \(km^2\) au sein de la zone d’étude (Tableau 4.13).
4.3.1.3.5 Gisements coquilliers
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0057, 0078, 0079, 0081. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les données utilisées pour caractériser les gisements coquilliers dans la zone d’étude proviennent d’une description des stocks de mactre de Stimpson (Mactromeris polynyma) en milieux côtiers au Québec (Pêches et Océans Canada, 2019e; Trottier and Goudreau, 2015). Les données fournissent la délimitation de gisements connus et commercialement exploités historiquement ou actuellement pour toute la région québécoise de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent.
Ces données ont été bonifiées à l’aide de données sur les aires de concentration connues exploitées ou non exploitées de la Clovisse arctique [Mesodesma arctatum; Pêches et Océans Canada (2022a)], de le Couteau de l’Atlantique [Ensis leei; Pêches et Océans Canada (2022d)] et de la Mye commune [Mya arenaria; Pêches et Océans Canada (2022c)]. Ces données ont été conçues pour le Centre national des urgences environnementales (CNUE) et proviennent de divers inventaires et projets de recherche de Pêches et Océans Canada.
4.3.1.3.6 Herbiers aquatiques
Nous remercions Marc Mingelbier et Marie-Josée Gagnon du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0084. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les biovolumes d’herbiers aquatiques ont été obtenus à partir de données sonar effectués en 2021 dans la portion fluviale de la zone d’étude (Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, 2022). Seules les localisations ayant affichant un biovolume supérieur à 0.1 ont été conservées pour représenter les herbiers au sein de l’évaluation. De plus, nous avons divisé les hebiers en trois catégories de biovolumes, soit faible (19.27 \(km^2\)), modéré (9.57 \(km^2\)) et élevé (13.98 \(km^2\)), en utilisant les 33e et 66e quantiles de la distribution des biovolumes observés au sein de la base de données complète. Les catégories de biovolumes d’herbiers aquatiques ont ensuite été intégrés à la grille d’étude en s’assurant que chaque cellule ne puisse inclure qu’une seule catégorie. Lorsque plusieurs catégories chevauchaient une même cellule, la catégorie la plus élevée a été utilisée. Il est à noter que ce travail est en cours et qu’il est prévu de caractériser d’autres zones au cours des prochaines années.
4.3.2 Intégrité des berges
Nous remercions Patrick Lajeunesse et Jean-François Bernier de l’Université Laval pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0017. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La composante valorisée d’intégrité des berges a été caractérisée à partir de données géospatiales d’un exercice récent de caractérisation des berges dans la partie fluviale du Saint-Laurent de l’équipe de Patrick Lajeunesse de l’Université Laval (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021). Cette caractérisation a été faite à l’aide d’une approche cartographique à haute résolution visant entre autres à positionner spatialement, caractériser et évaluer la susceptibilité à l’érosion de berges naturelles et artificialisées, et ce, en combinant des données de relevés terrain, de télédétection et dérivées de connaissances des communautés locales (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021). Les données géospatiales issues de ce projet offrent une caractérisation de la susceptibilité des berges à l’érosion en divisant leur état en trois niveaux d’indice d’érosion (IE; Figure 2 dans Bernier et al., 2021) :
- Active ou vive (IE = 2) : Érosion apparente ou couvert végétal < 25%
- Semi-végétalisée (IE = 1) : Érosion apparente ou couvert végétal de 25 à 75%
- Stable ou végétalisé (IE = 0) : Aucun signe d’érosion apparent, et couvert végétal > 75% ou présence d’une structure de protection
Pour notre étude, nous considérons uniquement les berges qui ont des signes apparents d’érosion, soit les berges avec un IE > 0. Nous distinguons également les berges naturelles des berges artificielles; cette séparation est faite afin de distinguer les effets de la navigation sur des berges naturelles ayant une valeur écologique supérieure aux berges artificialisées. La combinaison de l’état des berges telle que décrite dans Bernier et al. (2020) et Bernier et al. (2021) et de l’état de dégradation des artificialités résulte ainsi en quatre catégories de berges susceptibles aux effets de l’érosion (Tableau 4.17).
Catégories | Longueur (km) |
---|---|
Artificielle - Semi-végétalisée (IE = 1) | 239.77 |
Artificielle - Vive (IE = 2) | 55.57 |
Naturelle - Semi-végétalisée (IE = 1) | 390.91 |
Naturelle - Vive (IE = 2) | 257.64 |
Ces quatre catégories ont ensuite été intégrées à la grille afin d’obtenir une évaluation de la présence des différentes catégories de berges sensibles à l’érosion au sein de la zone d’étude. Il est important de noter que puisque cette composante valorisée n’a été identifiée que pour la portion fluviale du Saint-Laurent, aucune caractérisation n’a été faite pour l’estuaire et le Saguenay. Une caractérisation similaire a toutefois été récemment publiée à travers le Projet Résilience côtière de l’équipe de Pascal Bernatchez à l’Université du Québec à Rimouski.
4.3.3 Mammifères marins
Nous remercions Sonia Giroux du Réseau d’observation de mammifères marins et Aurélie Cosandey-Godin de WWF-Canada pour les échanges et le soutien.
Nous remercions également Arnaud Mosnier de Pêches et Océans Canada pour les données et les échanges pour la mise à jour des données des grands mammifères de l’estuaire du Saint-Laurent effectuée en mars 2023.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0027, 0054, 0085. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La caractérisation originale de la distribution des mammifères marins dans la zone d’étude provient de la deuxième édition d’un guide publié à l’intention des navigateurs qui fréquentent l’Atlantique Nord-Ouest (Le WWF-Canada et le Réseau d’observation de mammifères marins, 2021a). Ce guide vise à informer les navigateurs sur la problématique de collisions entre navires et baleines, sur les mesures permettant de minimiser les incidents, sur les différentes espèces de baleines et de la tortue luth sur le territoire et de leur présence potentielle, et sur des zones où une vigilance accrue est de mise. Ce guide présente des cartes de distribution pour neuf espèces de mammifères marins qui fréquentent l’Atlantique Nord-Ouest (Le WWF-Canada et le Réseau d’observation de mammifères marins, 2021a, 2021b). Ces espèces ont été sélectionnées dû à leur statut de conservation et à leur risque connu de collision avec des navires.
Les cartes de distributions ont été évaluées grâce à l’intégration de 14 ensembles de données distincts provenant d’observations scientifiques et opportunistes (Tableau 4.18; Le WWF-Canada et le Réseau d’observation de mammifères marins (2021c)). Les données d’observations couvrant la période de 2010 à 2015 et les limites géographiques de 40\(^o\) à 55\(^o\) N et de -72\(^o\) à -48\(^o\) O ont été sélectionnées pour créer les cartes partagées dans le guide. L’aire d’étude a été divisée en une grille régulière de 0.05\(^o\) x 0.05\(^o\). Pour chaque espèce, le nombre d’observations relevées au sein de 14 bases de données disponibles a été évalué pour chaque cellule de la grille d’étude. Un lissage gaussien – i.e. méthode d’interpolation basée sur une distribution normale – de 0.2\(^o\) a ensuite été appliqué sur la grille. Les valeurs obtenues dans chaque cellule ont été normalisées par le nombre total d’observations pour une espèce; la valeur d’une cellule représente ainsi la proportion du nombre total d’observations par espèce au sein de l’aire d’étude. Finalement, une transformation logarithmique a ensuite été appliquée afin de minimiser l’effet des valeurs extrêmes sur les cartes résultantes.
Des mises en gardes accompagnent ces cartes et sont rapportées verbatim à ce rapport:
- L’effort d’observation n’a pas été quantifié et varie considérablement dans le temps et l’espace. Les données représentent l’occurrence relative des données d’observation signalées plutôt que la densité ou l’abondance réelle de l’espèce.
- La qualité de certaines des données d’observation est inconnue. Les observations proviennent de personnes ayant des niveaux variés d’expertise dans l’identification des mammifères marins.
Nom de l’ensemble de données | Série temporelle | Propriétaire | No d’espèces | No d’observations | Scientifique (S) ou Opportuniste (O) |
---|---|---|---|---|---|
Whitehead, Université Dalhousie | 1988-2019 | Université Dalhousie | 27 | 2464 | S/O |
WWAM | 2015-2019 | Parcs Canada | 7 | 1353 | S |
WWAM_C | 2015-2019 | Parcs Canada | 7 | 1774 | S |
Predator pelagic prey | 2015-2018 | Parcs Canada | 7 | 816 | S |
NAISS | 2016 | Pêches et Océans Canada | 39 | 2508 | S |
NARW | 2017 | Pêches et Océans Canada | 31 | 2910 | S |
NARW | 2018 | Pêches et Océans Canada | 39 | 7312 | S |
WSDB | 1963-2019 | Base de données des observations de mammifères marins et d’animaux pélagiques, Pêches et Océans Canada, Dartmouth, N.-É. [2020/02/13] | 67 | 24538 | O |
TC | 2018 | Transports Canada | 19 | 3517 | S |
MICS | 2014-2018 | Station de recherche des îles Mingan | 11 | 4808 | S |
NOAA | 2018-2020 | National Oceanic and Atmospheric Administration | 5 | 2699 | S |
NARWC | 2015-2019 | North Atlantic Right Whale Consortium | 16 | 18190 | S |
AOM_MMON | 2014-2019 | Réseau d’observation de mammifères marins | 8 | 4705 | S |
Shipping_MMON | 2015-2019 | Réseau d’observation de mammifères marins | 35 | 5891 | O |
Sur les neuf espèces dont une cartographie est disponible, cinq fréquentent l’estuaire du Saint-Laurent et le Saguenay : le béluga du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas), le petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata), le rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae), le rorqual bleu (Balaenoptera musculus) et le rorqual commun (Balaenoptera physalus; Tableau 4.19). Pour notre étude, nous avons rééchantillonné les cartes de distribution produites (Le WWF-Canada et le Réseau d’observation de mammifères marins, 2021b) afin de les intégrer à notre grille d’étude de 1 \(km^2\) en utilisant la valeur moyenne des cellules de la grille du guide qui intersecte chaque cellule de notre grille. Les valeurs ont ensuite été normalisées entre 0 et 1 en divisant chaque valeur par la valeur maximale observée au sein de la grille pour chaque espèce. Les valeurs résultantes peuvent être interprétées en tant que densité relative des observations de mammifères marins, avec des valeurs de 0 représentant une densité relative faible et une valeur de 1 une densité relative élevée.
Les données décrivant la distribution du petit rorqual, du rorqual à bosse, du rorqual bleu et du rorqual commun ont été remplacées par des données provenant de Pêches et Océans Canada décrivant la distribution de ces quatre espèces de baleines au sein de l’estuaire du Saint-Laurent lors de la mise à jour de l’évaluation effectuée en mars 2023 (Mosnier et al., 2022). Les données sont le résultat d’un exercice de modélisation utilisant des données d’observations en mer et aériennes entre 1995 et 2017. Les cartes utilisées présentent des probabilités relatives d’occurrence obtenues à partir de modèles additifs généralisés (GAM) considérant explicitement les biais associés à l’effort d’échantillonnage; les données résultantes sont considérées comme la meilleure représentation actuellement disponible de la distribution de ces quatres espèces de baleines à fanon au sein de l’estuaire. Les données extrêmes ont été identifiées en utilisant l’écart interquartile supérieur multiplié par 3 (Tukey, 1977); la valeur du 95e percentile a ensuite été attribuée à ces valeurs extrêmes. Les probabilités relatives d’occurrence ont ensuite été normalisées entre 0 et 1. Cette normalisation est effectuée afin de ne pas minimiser les effets cumulatifs sur ces espèces comparativement aux autres espèces de mammifères marins dont les valeurs utilisées varient entre 0 et 1.
Afin de complémenter ce portrait des mammifères marins, nous avons utilisé des données provenant du Réseau d’observation de mammifères marins [ROMM; Réseau d’observation de mammifères marins (2021)] et disponibles sur le site de l’Observation Global du Saint-Laurent (https://ogsl.ca/bio/?lg=fr). Cette base de données est constituée d’observations de mammifères marins relevées par des observateurs membres ayant suivi une formation offerte par le ROMM, récoltées systématiquement par l’équipe du ROMM, et rapportées par des citoyens puis validées par l’équipe du ROMM. Plus d’informations sur le programme sont disponibles sur une page dédiée sur le site de l’OGSL.
Cette base de données contient près de 50000 observations de mammifères marins entre 1996 et 2021 sur 21 espèces différentes (Réseau d’observation de mammifères marins, 2021). De ce nombre, nous avons sélectionné les données pour la période allant de 2000 à 2021 pour les espèces non décrites au sein du guide et ayant plus de 50 observations uniques. Nous avons appliquer la même méthodologie décrite pour le guide afin de caractériser la distribution de quatre espèces supplémentaires fréquentant le Saint-Laurent et le Saguenay : le marsouin commun (Phocoena phocoena), le phoque commun (Phoca vitulina), le phoque du Groenland (Phoca groenlandica) et le phoque gris (Halichoerus grypus; Tableau 4.19).
Il est important de noter que les cartes de distribution issues pour ces espèces ne sont pas informées par un processus et une quantité de données semblables à ce qui a été utilisé pour créer le guide à l’intention de l’industrie maritime (Le WWF-Canada et le Réseau d’observation de mammifères marins, 2021a). Tout comme pour les cartes issues des données du Guide, les valeurs résultantes peuvent être interprétées en tant que densité relative des observations de mammifères marins, avec des valeurs de 0 représentant une densité relative faible et une valeur de 1 une densité relative élevée. Une mise en garde supplémentaire doit également accompagner ces données :
- Une absence de données dans un secteur ne doit pas être interprétée comme une absence de mammifères marins. Pour certains secteurs et certaines périodes de l’année, il n’existe actuellement aucune donnée disponible quant à la fréquentation des mammifères marins.
Espèces | Noms scientifiques |
---|---|
Béluga | Delphinapterus leucas |
Marsouin commun | Phocoena phocoena |
Petit rorqual | Balaenoptera acutorostrata |
Rorqual bleu | Balaenoptera musculus |
Rorqual commun | Balaenoptera physalus |
Rorqual à bosse | Megaptera novaeangliae |
Phoque commun | Phoca vitulina |
Phoque du Groenland | Phoca groenlandica |
Phoque gris | Halichoerus grypus |
4.3.4 Qualité de l’eau
La qualité de l’eau a été identifiée en tant que composante valorisée lors des différents ateliers de mobilisation visant leur identification. La qualité de l’eau est toutefois affectée par une suite de facteurs multiples incluant l’agriculture, la pollution atmosphérique, les rejets d’égouts (Sasakova et al., 2018). Au sein du secteur fluvial, la qualité de l’eau semble influencée principalement par l’occupation terrestre; la proximité d’une grande ville ou les activités agricoles affectent directement la qualité de l’eau (Vigil, 2003). La qualité de l’eau est également grandement affectée par les terres agricoles très présentes dans le lac Saint-Pierre (Goyette et al., 2016; Hudon and Carignan, 2008). Les activités maritimes ne sont généralement pas citées comme une source potentielle significative de pollution ayant un effet sur la qualité de l’eau (Butts and Shackleford, 1992).
Bien que la qualité de l’eau demeure une préoccupation valide, il est difficile de relier des mesures de qualité de l’eau spécifiquement aux activités maritimes. En tant que tel, nous considérons qu’une caractérisation de la qualité de l’eau dans le cadre d’une évaluation sectorielle des effets cumulatifs centrée sur les activités maritimes risquerait d’attribuer une responsabilité à un secteur d’activités qui ne lui revient sans doute pas. Afin d’adresser cette problématique, nous avons plutôt décidé d’adopter une approche alternative afin de considérer les risques pour la qualité de l’eau associés aux activités maritimes. Dans leurs travaux, Halpern et al. (2019) ont plutôt considéré la qualité de l’eau en tant que stresseurs de pollution maritime. Ce stresseur était décrit en combinant les différents stresseurs individuels reliés aux activités maritimes, soit la navigation et les activités portuaires dans leur cas. Nous avons ainsi opté pour une approche similaire et considérons la pollution maritime en tant que stresseur environnemental en remplacement de la composante valorisée de qualité de l’eau. Veuillez vous référer à la section sur les stresseurs environnementaux pour la description du stresseur pollution maritime.
4.3.5 Sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques
Le Saint-Laurent et le Saguenay constituent un système d’une importance culturelle, patrimoniale et archéologique majeure pour les Premières Nations et pour les communautés côtières. Les sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques ont ainsi été identifiés en tant que composante valorisée à considérer pour le projet pilote d’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes. Les sites d’intérêt caractérisés proviennent principalement des Premières Nations, de sites patrimoniaux inscrits aux registres publics et d’aires protégées sur le territoire. Il en résulte un total de 44 catégories distinctes de sites d’intérêt (Tableau 4.20). Les données caractérisant les sites d’intérêt ont été intégrées directement à la grille d’étude en présence-absence. Les sections suivantes décrivent les données utilisées pour dresser le portrait des sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques dans la zone d’étude.
Sites d’intérêt | Catégories |
---|---|
Association de gestion halieutique Mi’kmaq et Malécite | Pêche commerciale |
Pêche traditionnelle | |
Nation Huronne-Wendat | Activités rituelles ou sociales |
Archéologie | |
Chasse | |
Espèce en péril | |
Histoire | |
Occupation du territoire | |
Pêche | |
Récolte de végétaux | |
Toponymie | |
Nation Mohawk de Kahnawà:ke | Chasse à la sauvagine |
Culture et patrimoine | |
Navigation | |
Pêche de rivage | |
Pêche en eau libre | |
Récolte de végétation | |
Seigneurie du Sault-Saint-Louis | |
Nation W8banaki | Chasse au gibier |
Chasse aux oiseaux migrateurs | |
Cueillette et collecte de végétaux | |
Navigation | |
Problèmes liés à l’accès au territoire | |
Pêche | |
Sites archéologiques | |
Sites culturels | |
Sites de coucher | |
Sites essentiels | |
Sites à potentiel archéologique | |
Trappe d’animaux à fourrure | |
Zones d’activités | |
Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk | Développement portuaire |
Observation du béluga | |
Pêche commerciale | |
Nation des Innus d’Essipit | Accès au plan d’eau |
Activités touristiques | |
Chasse aux oiseaux migrateurs | |
Chasse aux phoques | |
Culture et patrimoine | |
Pêche commerciale | |
Pêche traditionnelle | |
Public | Milieux protégés |
Sites patrimoniaux | |
Épaves |
4.3.5.1 Sites d’intérêt pour les Premières Nations
Dans le cadre de ce projet pilote, une importance particulière a été attribuée aux sites d’intérêt pour les Premières Nations. Les activités maritimes peuvent affecter les conditions qui sous-tendent l’exercice des droits ancestraux des Premières Nations, notamment l’accès aux ressources et au territoire. Un processus collaboratif a ainsi été enclenché avec des Nations autochtones ayant des activités historiques et contemporaines au sein de la zone d’étude. Les Nations autochtones participantes ayant fourni des données sont les suivantes :
- Nation Huronne-Wendat
- Nation des Innus d’Essipit
- Nation Mohawk de Kahnawà:ke
- Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk
- Nation W8banaki
Un protocole de partage d’informations a été élaboré en collaboration avec les Premières Nations participantes. Ce protocole offre un cadre pour l’utilisation des données qui soutient les principes des Premières Nations de PCAP\(^{MD}\) (propriété, contrôle, accès, possession) dans le domaine de la recherche. L’application de ces principes sert de mécanisme de protection du patrimoine informationnel et des connaissances des Premières Nations. Ces principes évoquent la propriété collective de l’information par une communauté, une nation, un groupe. Ces principes s’appliquent à tous types de recherche et à tous les domaines de recherche qui se déroulent sur les territoires des Premières Nations et/ou qui concernent les Premières Nations.
Des rencontres individuelles ont été organisées avec des représentants des Premières Nations participantes afin de présenter le projet et de discuter des besoins en informations en vue d’intégrer les sites d’intérêt au sein de l’évaluation des effets cumulatifs. Les Premières Nations participantes ont subséquemment procédé au rassemblement d’informations cartographiques et non-cartographiques représentant des sites d’intérêt pour leur Nation respective. Notre équipe de recherche n’a ainsi effectué aucune collecte de données; ce travail a été effectué par les Premières Nations participantes, qui nous ont subséquemment fait parvenir les données désignant des sites d’intérêt à considérer pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes.
Un atlas cartographique en accès libre développé par l’Association de gestion halieutique Mi’kmaq et Malécite [AGHAMM; Arsenault et al. (2017)] a également permis d’obtenir des données d’utilisation du territoire pour les Nations Mi’kmaq de Gespeg, Mi’kmaq de Gesgapegiag et Wolastoqiyik Wahsipekuk.
Les sites d’intérêt proviennent généralement d’un exercice d’intégration de connaissances issues d’autres études effectuées avec les membres des Premières Nations. Les sites d’intérêt identifiés par les Premières Nations participantes peuvent globalement être classés en 9 grandes catégories :
- Activités rituelles ou sociales
- Chasse
- Culture et patrimoine
- Occupation du territoire
- Pêche commerciale
- Pêche traditionnelle
- Récolte de végétaux
- Sites archéologiques
- Tourisme
Les sites d’intérêt identifiés par les Nations ont été conservés distincts plutôt qu’intégrés en une couche unique par grandes catégories de sites d’intérêt, et ce malgré l’identification de catégories de sites d’intérêt similaires entre Nations. Par exemple, bien que la majorité des Nations aient identifié des sites d’intérêt pour la chasse, les sites identifiés demeurent distincts entre Nations pour l’évaluation des effets cumulatifs. Cette approche a pour but de respecter l’indépendance de chaque Nation et d’attribuer une importance supérieure à un milieu si ce dernier est identifié par plus d’une Nation. C’est le cas, entre autres, du Lac Saint-Pierre, qui est identifié en tant que site d’intérêt par plus d’une Nation participante.
Chaque Nation a organisé et catégorisé ses propres sites d’intérêt; ces catégories ont été conservées telles que rapportées bien que des catégories similaires ont été identifiées entre les Premières Nations participantes. Aucune tentative d’harmonisation des catégories entre Premières Nations n’a été effectuée. Cette absence d’harmonisation a été adoptée afin d’éviter de dénaturer les informations transmises par les Nations. De plus, puisque les sites provenant des différentes Nations demeurent distincts pour l’évaluation, l’harmonisation des catégories de sites d’intérêt n’aurait pas affecté l’évaluation. Nous avons ainsi décidé de conserver les libellés utilisés dans les données transmises.
Il est important de noter quelques mises en garde quant aux sites d’intérêt pour les Premières Nations. Premièrement, les informations rapportées ne peuvent être considérées comme un portrait exhaustif des sites d’intérêt pour l’ensemble des membres des Nations autochtones; en effet, les informations résultent d’un processus de consultation limité des membres de chaque Nation et intégrées uniquement dans le contexte du projet d’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes. Les sites d’intérêt identifiés proviennent d’autres d’études dont les données ont été intégrées afin de répondre aux objectifs de la présente étude. De plus, toutes les Premières Nations ayant un intérêt au sein de la zone d’étude n’ont pu être impliquées au projet. Par exemple, malgré l’inclusion de sites d’intérêt pour la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, un processus collaboratif semble à celui effectué avec les autres Nations n’a pu être mis en place; les données socio-culturelles de la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk n’ont ainsi pu être incluses au sein de notre évaluation. La caractérisation des sites d’intérêt ne peut ainsi être considérée exhaustive pour l’ensemble des Premières Nations sur le territoire à l’étude.
Deuxièmement, le lien et l’appartenance des Premières Nations au territoire va au-delà d’une vision strictement utilitaire et fonctionnelle; cette vision est difficile à capturer à travers une cartographie des sites d’intérêt, qui a pour effet de les objectiver. Il est ainsi important de considérer que les sites d’intérêts qui ont été identifiés s’insèrent dans un contexte culturel et écologique plus large qu’une simple localisation géographique.
Troisièmement, la notion d’utilisation du territoire des Premières Nations va au-delà d’une simple utilisation. En effet, les activités coutumières autochtones constituent des droits ancestraux protégés par l’article 35(1) de la Constitution canadienne. La Loi constitutionnelle de 1982 affirme les droits existants ancestraux ou issus de traités. Cependant, la plupart de ces droits demeurent indéfinis et la Proclamation royale de 1763 stipule que les peuples autochtones continuent à détenir toutes terres qu’ils n’ont pas cédées ou vendues. Il importe donc de bien distinguer ces activités alimentaires, rituelles et sociales faisant l’objet de droits protégés par la Constitution et liés à la subsistance de la Nation, des activités de pêche, de chasse et de piégeage sportives et de loisir pratiquées par la population allochtone.
Quatrièmement, les limites spatio-temporelles de la présente étude a été évoquée comme une limite importante dans un contexte autochtone puisqu’elle ne capture pas adéquatement le caractère évolutif de l’occupation et de l’utilisation du territoire qu’ils en font. Le portrait des sites d’intérêt présenté ne devrait ainsi pas être interprété comme représentatif du passé ou garant du futur.
Finalement, la participation des Premières Nations à cette étude est faite sans préjudice à l’exercice de leurs droits juridiques sur leur territoire traditionnel respectif pour lesquels s’appliquent leurs droits et responsabilités d’intendance et qui se basent sur l’application d’une approche écosystémique plus large. Les sites d’intérêt identifiés doivent ainsi être interprétés dans le contexte élargi de ces droits et responsabilités.
Les sections suivantes décrivent brièvement les données partagées par les Premières Nations participantes et les données qui ont été accessibles à travers des plateformes ouvertes.
4.3.5.1.1 Association de gestion halieutique Mi’kmaq et Malécite
Nous remercions Lisa M. Arsenault pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0022, 0023. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
L’Association de gestion halieutique Mi’kmaq et Malécite (AGHAMM) a développé un atlas cartographique décrivant divers sites et usages reliés aux activités de pêche commerciale et traditionnelle d’importance pour les Nations de Gesgapegiag, Gespeg et Wolastoqiyik Wahsipekuk (Arsenault et al., 2017). L’Atlas décrit des activités de pêches commerciales ciblant neuf espèces différentes : le buccin (Buccinum sp.), le concombre de mer (Holothurie sp.), le crabe commun (Cancer irroratus), le crabe des neiges (Chionoecetes opilio), la crevette nordique (Pandalus sp.), le flétan Atlantique (Hippoglossus hippoglossus), le flétan du Groenland (Reinhardtius hippoglossoides), le homard (Homarus americanus) et l’oursin (Strongylocentrotus sp.) dans l’estuaire du Saint-Laurent (Arsenault et al., 2017; Racine and Arsenault, 2017). Puisque la majorité de ces pêches sont effectuées par la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, ces données sont utilisées afin de décrire les activités de pêches commerciales de cette dernière (voir section 4.3.5.1.6). Puisque la Nation Mi’kmaq de Gespeg effectue également une pêche commerciale à la crevette nordique dans l’estuaire du Saint-Laurent, nous avons sélectionné cette pêche parmi les données de l’Atlas.
L’atlas identifie également les rivières Rimouski, Métis et Matane en tant que sites d’importance pour la pêche au Saumon Atlantique [Salmo salar; Arsenault et al. (2017)]. Nous avons ainsi ajouter une zone tampon de 3 \(km\) à l’embouchure de ces trois rivièrs afin de capturer leur présence en tant que site d’intérêt pour l’évaluation.
4.3.5.1.2 Nation des Innus d’Essipit
Nous remercions la Nation des Innus d’Essipit pour leur participation, ainsi que Donald Bouchard et Pierre Tremblay pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0024. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les données transmises par la Nation des Innus d’Essipit sont une intégration de données provenant de divers sources d’informations (Bouchard and Tremblay, 2021) :
- Inventaire des sites archéologiques du Québec.
- Suivi Innu-Aitun, 2004 à 2018, Essipit.
- Historique des pêches commerciales (crabe des neiges, oursin) et alimentaire (flétan atlantique), 1996 à 2020, Essipit.
- Atlas des usages côtiers et marins du Saint-Laurent par les Innus de la Côte-Nord, Agence Mamu Innu Kaikusseht, 2019.
- Collecte de données sur la récolte d’oiseaux migrateurs dans sept communautés innues de la Côte-Nord, Agence Mamu Innu Kaihusseht, 2014
Le résultat de l’intégration de ces données fournit la localisation de sites d’intérêts localisés dans l’estuaire du Saint-Laurent et la rivière Saguenay. Ces sites sont divisés en sept catégories :
- Chasse aux oiseaux migrateurs
- Chasse au phoque
- Pêche commerciale
- Pêche traditionnelle
- Activités touristiques
- Accès au plan d’eau
- Culture et patrimoine
Ces catégories de sites d’intérêts sont utilisées pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes dans la zone d’étude. Il est important de noter que les données originales utilisées couvrent un territoire plus large que la zone d’étude de la présente évaluation, mais que ces dernières ont été intersectées et limitées à notre zone d’étude.
4.3.5.1.3 Nation Huronne-Wendat
Nous remercions la Nation Huronne-Wendat pour leur participation, ainsi que Maria Rodriguez, Stéphanie B. Nadeau et Mario Gros-Louis pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0055. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les données transmises par la Nation Huronne-Wendat fournissent la localisation de sites d’intérêt principalement dans la portion fluviale du Saint-Laurent et dans une moindre mesure dans l’estuaire du Saint-Laurent (Nation Huronne-Wendat, 2021). Les sites sont composées de neuf thèmes divisées en trois catégories uniques :
- Sites contemporains
- Activités rituelles ou sociales
- Chasse
- Pêche
- Récolte de végétaux
- Occupation du territoire
- Sites écologiques
- Espèces en péril
- Sites patrimoniaux
- Archéologie
- Histoire
- Toponymie
La catégorie d’occupation du territoire regroupe divers types de sites d’intérêt pour la Nation Huronne-Wendat. Une formule générale pour désigner ces sites a été conservée en raison de la sensibilité des données qui y sont incluses. Les thèmes ont été considérés en tant que catégories uniques de composantes valorisées pour l’évaluation des effets cumulatifs. Il est important de noter que les données originales utilisées couvrent un territoire plus large que la zone d’étude de la présente évaluation, mais que ces dernières ont été intersectées et limitées à notre zone d’étude.
4.3.5.1.4 Nation Mohawk de Kahnawà:ke
Nous remercions la Nation Mohawk de Kahnawà:ke pour leur participation, ainsi que le Comité Consultatif du Conseil Mohawk de Kahnawà:ke pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0032. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les données transmises par la Nation Mohawk de Kahnawà:ke fournissent la localisation de sites d’intérêt dans la portion fluviale du Saint-Laurent dans la région de Montréal et du lac St-Pierre (Mohawk Council of Kahnawà:ke, 2021). Les sites identifiés ciblent principalement les activités de chasse, de pêche et de récolte de végétaux visant une variété d’espèces importantes, des sites culturels, et l’utilisation de certaines portions du territoire par la Nation. Ces derniers peuvent être divisés en sept catégories :
- Activités
- Chasse à la sauvagine
- Pêche en eau libre
- Pêche de rivage
- Récolte de végétation
- Sites d’importance
- Culture et patrimoine
- Utilisation du territoire
- Seigneurie du Sault-Saint-Louis
- Navigation
Les sites composant ces huit catégories ont été utilisés pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes. Il est important de noter que les données originales utilisées couvrent un territoire plus large que la zone d’étude de la présente évaluation, mais que ces dernières ont été intersectées et limitées à notre zone d’étude.
Un clause accompagne les données partagées, que nous nous permettons de retranscrire en son intégralité en anglais :
The Mohawk Council of Kahnawà:ke (MCK) has gathered some information from community members concerning the value and use of the St. Lawrence River in the vicinity of Kahnawà:ke. These comments have been organized according to the valued components identified for the fluvial section of the river through the Cumulative Effects of Marine Shipping by the Transport Canada team in collaboration with project partners. Therefore, the information provided is based on a limited consultation of community members, with the intent of responding to the specific parameters of this Transport Canada study only and should not be interpreted as a comprehensive study of Mohawk traditional land use or rights throughout the study area. The information provided should also not be used to replace engagement, including the gathering of traditional land use information within the context of any other future study or project. In addition, our participation in this study is without prejudice to the exercise of our jurisdictional rights to our traditional territory to which our stewardship rights and responsibilities apply and that are based on the application of a broader ecosystem-based approach. Therefore, the identification of specific areas of concern or value, including the identification of specific fish species or archaeological sites of interest is to be understood within the context of these broader rights and responsibilities.
Bien que des données aient été fournies par la Nation Mohawk de Kahnawà:ke et qu’elles ont été intégrées à l’évaluation des effets cumulatifs, il a été demandé de ne pas présenter de cartes des sites identifiés. Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Mohawk Council of Kahnawà:ke. La requête originale pour le retrait des figures est la suivante:
The Mohawk Council of Kahnawà:ke provided information concerning some known sites of interest related to the activities mentioned above. These data were incorporated into the cumulative effects assessment however it was requested that the delineation of these areas not be shown within this report. For further information on this data, please contact the Mohawk Council of Kahnawà:ke
4.3.5.1.5 Nation W8banaki
Nous remercions la Nation W8banaki pour leur participation, ainsi que le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, Edgar Blanchet, Hadrien Bois et David Bernard pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0066, 0067, 0068. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Dans le cadre de ce projet pilote, le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA) a procédé à l’intégration d’informations spatialisée et non-spatialisées provenant d’entretiens semi-dirigés individuels ou en petits groupes sur l’utilisation du territoire précédemment effectuées auprès de membres de la Nation. Ces études regroupent un échantillon de 33 répondant pour 74 entretiens. La cartographie est accompagnée d’informations qualitatives provenant principalement de 1) deux ateliers de type “groupe d’expression” tenus en 2016, des entretiens d’ateliers tenus entre 2019 et 2020 avec des femmes de la Nation, et 3) des analyses d’évaluation des effets de projets d’agrandissements portuaires sur les droits ancestraux de la Nation. Ce travail d’intégration a mené à la production d’un rapport présentant les préoccupations connues de certains membres de la Nation quant aux pressions environnementales exercées au sein de leur territoire et touchant les composantes valorisées couvertes par notre évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA), 2021).
Les données transmises par le GCNWA fournissent la localisation de sites d’intérêt principalement dans la dans la portion fluviale du Saint-Laurent (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA), 2021). Les sites identifiés sont divisée en 13 catégories distinctes :
- Utilisation et occupation contemporaine du territoire
- Pêche (e.g. perchaude, dorés, esturgeons)
- Chasse aux oiseaux migrateurs (e.g. oie blanche, bernache du Canada)
- Chasse au gibier (e.g. cerf de Virginie, gélinotte huppée)
- Trappe d’animaux à fourrure (e.g. rat musqué, lièvre d’Amérique)
- Cueillette et collecte de végétaux (e.g. quenouille, tête de violon)
- Navigation
- Site de coucher (e.g. campements)
- Sites essentiels (e.g. sites d’appâtage, site d’appel)
- Zones d’activités (e.g. zone de chasse, zone de trappe)
- Problèmes liés au territoire (e.g. site dont l’accès a été perdu)
- Sites patrimoniaux, culturels et archéologiques
- Sites culturels (e.g. site de rassemblement, lieu sacré ou rituel)
- Sites archéologiques
- Sites à potentiel archéologique
Ces catégories de sites d’intérêts sont utilisées pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes dans la zone d’étude. Il est important de noter que les données originales utilisées couvrent un territoire plus large que la zone d’étude de la présente évaluation, mais que ces dernières ont été intersectées et limitées à notre zone d’étude.
4.3.5.1.6 Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk
Nous remercions la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk pour leur participation, ainsi que David Poissant pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0022, 0025, 0072. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Nous utilisons des données qui nous ont été transmises par des représentants de la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk pour caractériser des sites d’importances pour la pêche commerciale au homard [Homarus americanus; Wahsipekuk (2021a)]. Ces données identifient des milieux jugés importants pour la pêche sur la rive sud du Saint-Laurent. Ces données ont été complétées avec les données de de l’AGHAMM (voir section 4.3.5.1.1) sur les pêche commerciales au buccin (Buccinum sp.), le concombre de mer (Holothurie sp.), le crabe commun (Cancer irroratus), le crabe des neiges (Chionoecetes opilio), la crevette nordique (Pandalus sp.), le flétan Atlantique (Hippoglossus hippoglossus), le flétan du Groenland (Reinhardtius hippoglossoides), le homard (Homarus americanus) et l’oursin (Strongylocentrotus sp.) dans l’estuaire du Saint-Laurent (Arsenault et al., 2017; Racine and Arsenault, 2017).
Deux sites d’intérêt pour l’observation du béluga et pour le développement portuaire sont également considérés en tant que sites d’intérêt pour la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Wahsipekuk, 2022). Il est toutefois important de noter que malgré l’inclusion de sites d’intérêt pour la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, un processus collaboratif semblable à celui effectué avec les autres Nations n’a pu être mis en place. Les données socio-culturelles de la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk n’ont ainsi pu être incluses au sein de notre évaluation.
4.3.5.2 Sites d’intérêt publics
4.3.5.2.1 Milieux protégés
Nous remercions Joannie Ferland du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour les échanges et le soutien.
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0030, 0038, 0039, 0082. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les milieux protégés ont été caractérisés par l’intégration de quatre bases de données. La première base de données correspond à la délimitation des différentes mesures de gestion spatiale mises en place dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (Canada, 2021b). Cette base de données regroupe la délimitation de mesures spatiales réglementaires (e.g. zones d’interdiction de navigation et zones de ralentissement) ainsi que des mesures spatiales volontaires (e.g. zones de ralentissement et zones à éviter). La deuxième base de données provient du Gouvernement du Canada et délimite des milieux où des mesures de gestion reconnues comme autres mesures efficaces de conservation par zone [EMCEZ; Pêches et Océans Canada (2021e)]. Au sein de notre zone d’étude, cette base de données présente une seule zone protégée en amont de la Rivière Saguenay qui limite les activités de pêche pour protéger l’habitat du béluga et pour éviter la remise en suspension de sédiments contaminés.
Finalement, les données du Registre des aires protégées au Québec (Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, 2021b) ont été utilisées afin de compléter le portrait. Ce registre offre une compilation des aires protégées au Québec – identifiés selon les définitions de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (LCPN; RLRQ, chapitre C-61.01) ou de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – et des territoires d’importance pour la conservation – identifiés par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) ou une instance du gouvernement du Québec. Lors de la mise à jour de mars 2023, ces données ont été bonifiées par un travail d’intégration de données effectué par la direction de la connaissance écologique du MELCCFP intégrant une mise à jour du Registre des aires protégées aux Québec ainsi que ses territoires d’importance sur le territoire [(Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, 2022)], du Répertoire des sites de conservation volontaire du Québec (Réseau de milieux naturels protégés, 2022), des habitats fauniques (Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, 2021b) et des écosystèmes forestiers exceptionnels ne figurant pas au Registre (Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, 2022). Nous avons retiré de ces bases de données les habitats fauniques et les réserves de territoire aux fins d’aire protégée parce que ces catégories couvraient l’entièreté de la zone d’étude, ainsi que les habitats d’une espèce floristique menacée ou vulnérable parce qu’elles étaient couvertes par d’autres composantes valorisées.
4.3.5.2.2 Sites patrimoniaux
Les identifiants uniques attribués aux données présentées au sein de cette section sont : 0044, 0045. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
La caractérisation des sites patrimoniaux publics provient de l’intégration de deux bases de données provenant du Ministère de la Culture et des Communications. La première base de données présente des données sur les sites patrimoniaux classés par la ministre et qui font partie du patrimoine protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel [L.R.Q., c. 21; Ministère de la Culture et des Communications (2021b)]. La deuxième base de données correspond à des sites patrimoniaux cités par les municipalités et les communautés autochtones (Ministère de la Culture et des Communications, 2021a); ces sites font également partie du patrimoine protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
4.3.5.2.3 Épaves
Nous remercions Francis Bouchard et Virginie Galindo du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour les échanges et le soutien.
L’identifiant unique attribué aux données présentées au sein de cette section est : 0088. Consultez la section suivante et l’annexe 1 pour plus de détails sur ces données.
Les épaves faisant partie du patrimoine archéologique au sein de la zone d’étude ont été caractérisées grâce à des données du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs [MELCCFP; Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023b)]. Les données proviennent d’une revue de littérature sur le potentiel archéologique subaquatique au sein des réserves de territoires aux fins d’aires protégées du secteur de L’Isle-aux-Grues, du secteur de Kamouraska, du secteur des Basques, de l’aire marine protégée du Banc-des-Américains ainsi que de la réserve aquatique projetée de Manicouagan effectué par AECOM (AECOM, 2021). Les données fournies contiennent la potentielle localisation des épaves au sein du Saint-Laurent et un total de 428 épaves sont répertoriées entre Québec et la limite est de la zone d’étude. Puisque ces données sont de nature sensible, une zone tampon de 1km a été utilisée autour de chaque site; les zones résultantes ont ensuite été combinées en une seule couche. Cette couche a été intégrée au sein de notre grille d’étude de 1 \(km^2\) afin d’identifier les cellules ayant un potentiel archéologique subaquatique. Cette approche a été utilisée afin d’éviter que les sites précis puissent être localisés précisément.
4.4 Vulnérabilité
Les sections suivantes présentent les données, les approches et les résultats de l’évaluation de la vulnérabilité des composantes valorisées aux stresseurs environnementaux considérés pour l’évaluation des effets cumulatifs des activités maritimes dans la zone d’étude. Une description générale de l’évaluation de la vulnérabilité dans une contexte d’évaluation des effets cumulatifs est présentée à la section 3.2.5 du rapport.
4.4.1 Habitats floristiques et fauniques
4.4.1.1 Milieux naturels
Plusieurs exercices d’évaluation de la vulnérabilité de différents types d’habitats à diverses sources de stress environnementales ont été publiés au Canada (e.g. Ban et al., 2010; Clarke Murray et al., 2015b, 2015a) et ailleurs dans le monde (Kappel et al., 2012; Teck et al., 2010). Un processus similaire mené par Pêches et Océans Canada est actuellement en cours afin de caractériser la vulnérabilité des habitats de l’Atlantique Ouest à une cinquantaine de sources de stress. Originellement développée par Halpern et al. (2007) afin de caractériser la vulnérabilité des habitats à l’échelle globale, cette approche utilise des métriques d’exposition et de sensibilité afin d’évaluer cinq critères de vulnérabilité des écosystèmes (i.e. des habitats dans le cadre de notre étude) : l’échelle spatiale, la fréquence, l’impact trophique, la résistance et la résilience (Tableau 4.21).
Critère de vulnérabilité | Description |
---|---|
Échelle spatiale | L’échelle spatiale (\(km^2\)) à laquelle un stresseur affecte un habitat directement et indirectement |
Fréquence | La fréquence annuelle (nombre / année) moyenne d’un stresseur à une localisation particulière au sein d’une région |
Impact trophique | L’étendue de la vie marine affectée par un stresseur au sein d’un écosystème et d’une région donnée (c.-à-d. une ou plusieurs espèces, un ou plusieurs niveaux trophiques, ou un écosystème entier) |
Résistance | Le degré (en %) auquel les espèces, les niveaux trophiques, ou l’état naturel d’un écosystème entier est affecté par le stresseur |
Résilience | Le temps moyen (années) requis pour que l’espèce, le niveau trophique, ou la communauté entière affecté retourne à son état naturel suite à la perturbation causée par le stresseur |
Ces derniers permettent l’utilisation de facteurs quantitatifs conférant une transparence supérieure à l’approche qualitative (Kappel et al., 2012; Teck et al., 2010). Les scores de vulnérabilité \(\mu\) correspondent à la somme pondérée des cinq critères de vulnérabilité :
\[\mu_{D_i,E_j} = \sum_{k = 1,...,5} W_k * D^j_{i,k}\]
où \(D^j_{i,k}\) est la valeur du stresseur \(i\) pour le critère \(k\) au sein de l’écosystème \(j\) et \(W_k\) est le poids associé au critère \(k\), avec la somme de tous les poids égal à 1. Le poids \(W_k\) permet ainsi de pondérer la valeur attribuée aux critères individuels selon leur importance individuelle. Ce modèle additif et linéaire suppose que la vulnérabilité est monotone pour l’ensemble des critères de vulnérabilité, c.-à-d. que la vulnérabilité augmente avec une augmentation de la valeur de chaque critère. Une transformation des valeurs de \(W_k\) est nécessaire afin d’assurer que l’étendue des valeurs est comparable pour les différents critères. Cette équation permet ultimement de générer une matrice de scores de vulnérabilité pour l’ensemble des combinaisons stresseur-écosystème.
Teck et al. (2010) et Kappel et al. (2012) ont fait appel à des sondages d’experts afin d’évaluer, pour chaque combinaison stresseurs-habitats, les valeurs et le poids associé à chaque critère de vulnérabilité. Au total, 107 experts ont évalué la vulnérabilité relative de 19 types d’habitats à 53 stresseurs environnementaux. Les matrices de vulnérabilité résultantes ont été utilisée et adaptée à de maintes reprises depuis (e.g. Ban et al., 2010; Clarke Murray et al., 2015b). Ces matrices de vulnérabilité offrent également un point de départ à notre évaluation; en effet, l’entièreté des stresseurs environnementaux, et une portion importante des habitats considérés pour notre évaluation se retrouvent dans la liste présentée par Teck et al. (2010), Kappel et al. (2012) et Clarke Murray et al. (2015b). Plus particulièrement, nous avons utilisé la matrice de vulnérabilité issue de Kappel et al. (2012) afin d’informer l’évaluation de la vulnérabilité des habitats pour lesquels une correspondance claire pouvait être établie, c.-à-d. les milieux naturels. Référez à l’annexe 6 et à l’annexe 7 pour les correspondances utilisées entre notre étude et celle de Kappel et al. (2012) pour les stresseurs et les composantes valorisées, respectivement.
Certains habitats considérés pour notre évaluation n’avaient cependant pas de correspondance claire avec la matrice de Kappel et al. (2012). Dans ces cas, nous avons adopté l’approche utilisée par Clarke Murray et al. (2015b) et nous avons sélectionné le ou les habitats présentés par Kappel et al. (2012) qui étaient les plus similaires à ceux pour lesquels une correspondance claire était indisponible. Par exemple, les scores des habitats peu profonds à sédiments meubles et de marais salés de Kappel et al. (2012) ont été utilisés pour les gisements coquilliers et les terrasses fluviales, respectivement. Si un habitat considéré pouvait regrouper plusieurs habitats de Kappel et al. (2012), nous avons plutôt utilisé le score moyen de ces habitats afin d’obtenir un score de vulnérabilité. Les scores de vulnérabilité attribués aux zones inondables ont ainsi été obtenus à partir de la moyenne des scores de vulnérabilité attribués aux milieux intertidaux rocheux, aux milieux intertidaux et aux marais salés dans la matrice de Kappel et al. (2012). Similairement, la catégorie de navigation gouvernementale et de recherche inclut une diversité importante de types de navires comme des embarcations militaires, des navires de patrouille et des navires de recherche scientifique. La vulnérabilité des habitats à ce type de navigation a ainsi été évaluée à partir de la moyenne des scores attribués à la navigation, aux activités militaires, à la recherche et à l’échantillonnage scientifique de Kappel et al. (2012). Finalement, pour la mise à jour de mars 2023, les valeurs de vulnérabilité des habitats de zostères et des zones algales ont été utilisées afin de caractériser la vulnérabilité des herbiers aquatiques.
Certaines modifications ont également été apportées aux scores de vulnérabilité rapportées par Kappel et al. (2012). Premièrement, les valeurs de vulnérabilité attribuées aux milieux humides ont été modifiées afin de capturer convenablement la finesse du jeu de données disponible pour notre étude. En effet, les milieux humides caractérisés témoignent de la nature étagée des milieux humides, avec les milieux humides en eau peu profonde, suivie des marais, puis des marécages, diminuant ainsi progressivement l’exposition potentielle de ces milieux aux sources de stress d’origine marine. Nous avons ainsi diminué la vulnérabilité des milieux humides proportionnellement par un facteur de 5% pour les marais et de 10% pour les marécages face à l’ensemble des sources de stress. Nous avons conservé l’évaluation de Kappel et al. (2012) pour la catégorie d’habitat milieu humide contenant des milieux humides dont le type est inconnu par principe de précaution. Deuxièmement, les déversements accidentels ont été catégorisés afin de différencier les déversements d’hydrocarbures des autres types de déversements. Nous diminuons ainsi les valeurs de vulnérabilité aux déversements par un facteur de 10% pour les déversements de type autres. Troisièmement, les valeurs de vulnérabilité des herbiers aquatiques a été diminuée de 10% par catégorie de biovolume en assumant que les biovolumes élevés ont une importance supérieure et donc une vulnérabilité supérieure : biovolumes élevés (100%), modérés (90%) et faibles (80%). Tout comme pour les milieux humides, nous avons conservé la valeur de vulnérabilité intacte pour les déversements dont le contenu est inconnu par principe de précaution. Finalement, un score relatif a été évalué en normalisant les scores totaux par la valeur maximale de vulnérabilité observée parmis les habitats considérés (i.e. 3.6) afin d’obtenir un score variant entre 0 et 1. La matrice de vulnérabilité résultante peut être consultée au Tableau 4.104.
4.4.1.2 Habitats d’importance pour les espèces fauniques et floristiques
La vulnérabilité des habitats identifiés pour leur importance pour les cycles vitaux et les espèces à statut ne peuvent être évalués à partir de la même approche que celle utilisée pour les milieux naturels. Ces sites diffèrent des habitats présentés précédemment puisqu’ils représentent des milieux dont les caractéristiques peuvent varier, mais qui remplissent des fonctions essentielles pour le maintien de certaines espèces, ou qui sont jugés importants pour la conservation de certaines espèces à statut. En tant que tel, la vulnérabilité de ces sites ne peut être évaluée de façon analogue à l’évaluation présentée à la section précédente. Une approche alternative a été utilisée afin d’obtenir une évaluation de leur vulnérabilité relative aux effets des sources de stress considérées en s’appuyant sur des critères relatifs aux espèces plutôt qu’aux habitats.
Les exercices d’évaluation de la vulnérabilité d’espèces aux effets de stresseurs se font plus rares dans le cadre d’évaluation d’effets cumulatifs, bien que certains processus d’évaluation existent tout de même (e.g. Maxwell et al., 2013; O’Hara et al., 2021; Trew et al., 2019). Ces évaluation touchaient principalement des espèces de mégafaune marine (e.g. baleines et requins) et des espèces en péril. Ces publications ne couvrent toutefois pas l’entièreté des espèces et des stresseurs visés par la présente évaluation. Elles fournissent tout de même une série de critères visant à évaluer la vulnérabilité des espèces aux stresseurs. Nous avons ainsi utilisé un processus similaire afin de déterminer la vulnérabilité des milieux d’importance pour les espèces dans le Saint-Laurent et le Saguenay aux activités maritimes.
Les critères utilisés afin d’évaluer la vulnérabilité des espèces aux effets des activités maritimes proviennent de Maxwell et al. (2013): 1) la fréquence des sources de stress, 2) si l’effet de la source de stress est directe ou indirecte, 3) la résistance de l’espèce aux effets de la source de stress, 4) le temps de rétablissement de l’espèce, 5) l’effet relatif sur la reproduction, et 6) l’effet relatif sur la population (Tableau 4.22). Nous avons ajouté deux critères à cette liste afin de considérer des particularités régionales propres au Saint-Laurent et au Saguenay, soit 7) le statut de l’espèce et 8) si l’espèce est résidente de la zone d’étude (Tableau 4.22).
Critères de vulnérabilité | Rang | Catégories | Description | Exemples |
---|---|---|---|---|
Fréquence | 0 | Jamais | ||
Quelle est la fréquence des effets de la source de stress? | 1 | Rare | Peu fréquent, mais suffisamment pour affecter la dynamique à long terme ou les populations | Déversement d’hydrocarbures |
2 | Occasionnel | Fréquent, mais irrégulier | Prolifération d’algues toxiques | |
3 | Annuel ou régulier | Fréquent et souvent saisonnier ou périodique | Lessivage dû aux précipitations saisonnières | |
4 | Persistent | Plus ou moins constant annuellement sur plusieurs années ou décennies | Zones hypoxiques persistantes ou transport de marchandise | |
Effet direct ou indirect | 0 | Aucun effet | ||
Par quel mécanisme la source de stress affecte-t-elle les individus? | 1 | Effet indirect distant | Les effets sont à plus d’un degré de distance | Cascade trophique distante, dégradation de l’écosystème |
2 | Effet indirect | La source de stress affecte l’individu via un lien indirect | Proie, ressource alimentaire, lien trophique direct | |
3 | Effet direct mineur | Un effet direct qui affecte des mécanismes autres autre que la mortalité, comme le métabolisme, la physiologie, le comportement | Modification du comportement des mammifères marins dû au trafic maritime | |
4 | Effet direct majeur | Mortalité | Prises accessoires dans des engins de pêche ou collision avec un navire | |
Résistance (probabilité de mortalité) | 0 | Aucun effet | ||
Quelle est la vraisemblance que la source de stress affecte la mortalité d’un individu? | 1 | Faible | Peu probable de causer la mortalité (0-33%) | Bruit anthropique |
2 | Modéré | Probabilité modérée de causer la mortalité (33-66%) | Acide domoïque | |
3 | Élevée | Forte probabilité de causer la mortalité (66-100%) | Réduction massive des ressources alimentaires | |
Temps de rétablissement (années) | 1 | <1 | ||
Combien de temps est nécessaire à un individu pour se rétablir de l’exposition à la source de stress? | 2 | 1-10 | ||
3 | 10-100 | |||
4 | >100 | |||
Effet sur la reproduction | 0 | Aucun effet | ||
Quel est le niveau des effets sur la reproduction des individus? | 1 | Faible | Affecte certains aspects (e.g. comportement) sans affecter les capacités reproductives | Déplacement temporaire des sites d’alimentation |
2 | Modéré | Diminution des capacités reproductives | Réduction globale de la disponibilité en ressource résultant en une diminution de la reproduction | |
3 | Élevé | Mortalité directe | Mortalité résultant en aucune reproduction | |
Effet sur la population | 0 | Aucun effet | ||
Comment les effets sont-ils distribués sur la population? | 1 | Faible | Affecte un seul individu à la fois | Collision avec un navire |
2 | Modéré | Affecte une portion spécifique ou une forte proportion de la population | Effets ciblés sur les femelles de la population | |
3 | Élevé | Affecte la population entière | Anomalies de température liées aux changements climatiques | |
Statut de l’espèce | 0 | Aucun statut | ||
L’espèce a-t-elle un statut de conservation? | 1 | Susceptible / Préoccupante | ||
Statut provincial / statut fédéral | 2 | Vulnérable / Menacée | ||
3 | Menacée / En voie de disparition | |||
Espèce résidente | 1 | >0 - 6 mois | ||
L’espèce est-elle présente annuellement ou pendant une période de l’année? | 2 | 6 - <12 mois | ||
3 | Résidente |
Les critères utilisés varient selon les types d’habitats évalués. La fréquence des stresseurs environnementaux a été utilisée pour l’ensemble des habitats d’importance pour les espèces. La vulnérabilité des frayères et des sites d’alevinage a considéré les critères de fréquence des stresseurs environnementaux et d’effets sur la reproduction et sur la population. La vulnérabilité des habitats d’importance pour les oiseaux marins a quant à elle été évaluée en considérant les critères de fréquence des stresseurs et des effets sur les populations. Finalement, l’évaluation de la vulnérabilité des habitats d’importance pour les espèces à statut a été effectuée à partir des critères de fréquence des stresseurs environnementaux, des effets sur les populations et du statut des espèces. Il est à noter que la vulnérabilité des sites d’importance pour les espèces fauniques et floristiques à statut a été considérée de façon analogue. Bien que les espèces fauniques et floristiques répondent différemment aux stresseurs environnementaux, notre évaluation utilisant les occurrences d’espèces en péril en tant que proxy de milieux vulnérables plutôt que pour effectuer une évaluation par espèce. Le caractérisation générale utilisée ne nous permettait ainsi pas de différencier entre les différentes espèces; nous avons ainsi focusé sur des critères spécifiques aux statuts des espèces.
Pour chaque combinaison de composante valorisée \(CV_i\) et de stresseur \(S_j\), le score de vulnérabilité \(\mu_{CV_i, S_j}\) final est obtenu à partir de la somme des scores de chaque critère :
\[\mu_{CV_i, S_j} = \sum_{k \in K} C^i_{j,k}\]
où \(C^i_{j,k}\) est la valeur de la composante valorisée \(i\) pour le stresseur \(j\) et le critère \(k\), et \(K\) sont l’ensemble des critères considérés pour évaluer la vulnérabilité de la composante valorisée \(i\).
Finalement, un score relatif a été évalué en normalisant les scores totaux par la valeur maximale de vulnérabilité observée par groupe d’habitat évaluée à partir de critères similaires. Les frayères et les sites d’alevinage constituaient le premier groupe, les oiseaux marins le second, et les espèces à statut le troisième. Les scores de vulnérabilité finaux sont disponibles au tableau 4.105 et les tableaux d’évaluation des critères individuels par catégorie d’habitat sont disponibles à l’annexe 8.
4.4.2 Intégrité des berges
Plusieurs stresseurs environnementaux d’origines anthropiques et naturelles s’ajoutent aux mécanismes naturels géomorphologiques qui régissent la dynamique d’érosion des berges. Du côté des pressions anthropiques, les facteurs exerçant une influence particulières sur l’érosion des berges sont le batillage causé par le trafic maritime, la gestion des débits, le dragage, l’artificialisation des berges et les infrastructures et activités côtières (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021). Les changements climatiques peuvent également influencer l’érosion des berges en modifiant la dynamique d’inondation et les débits d’eau (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021). Dans le cadre de notre évaluation, la navigation et le dragage sont ainsi les sources de stress reliées aux activités maritimes ayant un lien établi avec l’érosion des berges. Nous avons ainsi considéré que la vulnérabilité des berges à l’érosion face aux autres stresseurs environnementaux identifiés dans le cadre de notre étude était nulle.
Les scores de vulnérabilité attribués à la navigation et au dragage ont été informés directement par les données utilisées pour caractériser l’intégrité des berges dans la zone d’étude; en effet, ces dernières offrent une caractérisation de la susceptibilité des berges à l’érosion en divisant leur état en trois niveaux d’indice d’érosion, le troisième niveau identifiant des berges qui ne sont pas vulnérables à l’érosion (Bernier et al., 2020; Bernier et al., 2021). Nous avons également distingué les berges naturelles des berges artificielles afin d’attribuer une valeur supérieure aux berges naturelles (voir Portrait de la zone d’étude).
Nous pouvons ainsi classer les catégories de berges selon l’importance de leur vulnérabilité, pour lesquelles nous avons assigné un score de vulnérabilité relative diminuant par saut de 10%:
- Naturelle - Vive (IE = 2): 1
- Artificielle - Vive (IE = 2): 0.9
- Naturelle - Semi-Végétalisée (IE = 1): 0.8
- Artificielle - Semi-Végétalisée (IE = 1): 0.7
Aucune comparaison n’a été effectuée afin de distinguer la vulnérabilité relative des berges à la navigation et au dragage, optant plutôt de leur attribuer des valeurs similaires de vulnérabilité (Tableau 4.106).
4.4.3 Mammifères marins
Nous remercions Sonia Giroux du Réseau d’observation de mammifères marins et Marie Guilpin du Royal Netherlands Institute for Sea Research les échanges et le soutien.
La section précédente présente les différents critères utilisés afin de caractériser la vulnérabilité des espèces aux stresseurs environnementaux. La vulnérabilité des mammifères marins a été évaluée en utilisant l’ensemble des critères présentés au tableau 4.22 et l’équation présentée à la section précédente.
Les statuts fédéraux du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) ont été utilisés afin de déterminer le statut des espèces de mammifères marins.
Les scores de vulnérabilité finaux sont disponibles au tableau 4.107 et les tableaux d’évaluation des critères individuels par espèce de mammifère marin sont disponibles à l’annexe 9.
4.4.4 Sites d’intérêt culturels, patrimoniaux et archéologiques
Les sites d’intérêt sont principalement constitués de sites identifiés par les Premières Nations. Ces sites représentent l’utilisation et l’occupation du territoire par les différentes Nations participantes et ont déjà été jugées importantes pour le projet sur la base que les activités maritimes peuvent affecter les conditions qui sous-tendent l’exercice des droits ancestraux des Premières Nations. Déterminer la vulnérabilité relative d’un site d’intérêt pour une Nation autochtone telle qu’effectuée pour les autres composantes valorisées (voir sections précédentes) serait un exercice similaire à attribuer une valeur supérieure ou inférieure aux sites entre eux. Or, attribuer une valeur à un site d’intérêt est un exercice particulièrement complexe, voire impossible. Par exemple, un site de chasse a-t-il plus de valeur qu’un site archéologique? Comme noté par le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA), 2021) :
[…] il est impossible de cartographier adéquatement les valeurs accordées à certains sites ou activités. L’importance d’un site dépend d’une multitude de facteurs. Par exemple, sans être fréquentés sur une base régulière, des lieux sont associés à des récits ou légendes, à l’histoire ou l’imaginaire collectif de la Nation, à des sites archéologiques ou sacrés, etc.
À cet égard, et après discussions avec plusieurs représentants des Premières Nations participantes, nous avons jugé qu’il serait inadéquat d’attribuer un score de vulnérabilité aux sites identifiés dans le cadre de ce projet pilote. Nous avons plutôt attribué une valeur de vulnérabilité égale à 1 pour l’ensemble des sites d’intérêt identifiés. Ceci ne veut pas dire que tous les sites sont automatiquement considérés comme affectés par les activités maritimes pour l’évaluation des effets cumulatifs. L’évaluation des effets cumulatifs devient plutôt le résultat du croisement entre la distribution et l’intensité des stresseurs environnementaux et la distribution des sites d’intérêt, i.e. l’exposition des sites d’intérêt aux stresseurs environnementaux. Un site d’intérêt exposés à plusieurs stresseurs à haute intensité serait ainsi plus affecté qu’un site d’intérêt qui n’est pas exposé aux stresseurs environnementaux considérés.
L’utilisation d’une valeur de vulnérabilité égale à 1 pour l’ensemble des sites d’intérêt a toutefois un effet sur l’évaluation globale des effets cumulatifs incluant l’ensemble des composantes valorisées; en effet, les sites d’intérêt reçoivent un score de vulnérabilité maximal, ce qui n’est pas le cas pour les autres composantes valorisées considérées au sein de cette évaluation (voir sections précédentes). En termes relatifs, la vulnérabilité des sites d’intérêt est ainsi considérée supérieure à la majorité des autres composantes valorisées incluses à l’évaluation. Ceci impose nécessairement un biais “en faveur” des sites d’intérêt pour l’évaluation globale. Les résultats de l’évaluation sont toutefois présentés et discutés par composantes valorisées individuelles afin de pallier à ce biais.
Afin d’assurer une continuité pour la vulnérabilité des sites d’intérêt, une valeur de vulnérabilité égale à 1 a également été attribuée aux sites d’intérêt publics, i.e. les aires protégées et les sites patrimoniaux.
R est un logiciel libre destiné aux statistiques, la science des données et les graphiques (https://www.r-project.org/)↩︎
ArcGIS est une suite de logiciels d’information géographique (SIG) développés par la société américaine Esri (https://www.arcgis.com/index.html)↩︎
GitHub est un service web d’hébergement et de gestion de développement de logiciels utilisé par plus de 40 millions d’utilisateurs partout à travers le monde (https://github.com/).↩︎